Évasion sur le Rhin

Publié le 28/04/2022

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Le Rhin est le fleuve historique et le premier témoin de la construction de l’Europe par le Général de Gaulle et Konrad Adenauer. Et un peu de douceur et de romantisme : le fleuve s’allonge entre vignes, châteaux et forteresses célébrés par Apollinaire, Rouget de l’Isle, Goethe, Heine et tant d’autres écrivains.

En une courte croisière de 4 ou 5 nuits, il est possible de découvrir certaines villes allemandes avec une vision d’un bateau de la compagnie fluviale CroisiEurope, qui circule sur des unités à taille humaine sur de nombreux fleuves à travers la France, l’Europe et aujourd’hui le monde entier.

Le « MS Lafayette » est un superbe bateau « 5 ancres » amarré à Strasbourg avant son départ.

À l’opposé des géants et mastodontes qui arpentent le Sud et qui défigurent les paysages de Méditerranée, le « MS Lafayette » est à taille humaine : 90 mètres de long sur 10 de large pour quelque 43 cabines accueillant 82 passagers sur seulement 2 ponts.

Entièrement rénové en 2014, la décoration de la cabine (entre 10 et 15 m2) est contemporaine dans des tonalités sobres (gris et sable crème).

La cuisine proposée est française ; un reflet des régions traversées par le bateau. Terrine de jambon, côte de porc sauce moutarde, pot-au-feu au raifort, choucroute, munster au cumin, île flottante, tarte à la rhubarbe…

Avant de partir pour quelque 700 km de navigation qui mèneront jusqu’à Amsterdam, visite nocturne de Strasbourg à bord d’un bateau-mouche. Plus de 2 heures sur l’Ill à admirer les quartiers en passant sous 30 ponts et 2 écluses. En effet, c’est tout un parcours à travers les siècles ; les époques architecturales qui mènent de la cité médiévale à ses maisons à pans de bois, au poumon vert qu’est le Robertsau sans oublier le classicisme du palais Rohan, les bastions Vauban, la majestueuse lourdeur des constructions de l’époque impériale, le quartier européen, la cité portuaire et industrielle du XXIe siècle.

La première halte a lieu à Rüdesheim am Rhein, la commune emblématique du riesling. À perte de vue et sur les collines des deux côtés du fleuve, des vignobles pour produire de bons vins blancs… On est en présence de toutes petites parcelles, parfois quatre rangées seulement de pieds de vigne travaillées par des « vignerons de loisir » pour leur consommation personnelle. Visité pour une dégustation, le caveau d’Adolf Störzel, construit en partie sur un vieux bâti du XVIe siècle, est riche de 10 hectares ; ce qui en fait un très gros propriétaire-exploitant. Se promener dans les vignes est superbe : admirez au loin l’abbaye Sainte Hildegarde érigée dans un style néo-roman début du XXe siècle, à la suite d’un incendie. Les premiers bâtiments remontaient au XIIe siècle, à l’époque de la sainte Hildegarde de Bingen.

Dans cette cité de renom, ne manquez pas le musée des instruments de musique mécaniques, un bijou riche de 400 instruments patiemment collectionnés et restaurés par Siegfried Wendel pendant 50 années. Boîtes à musique, automates musiciens, orgues de barbarie transportent par leurs mélodies lancinantes dans l’époque des fêtes foraines enfantines et des bals populaires d’antan. Quel que soit son âge, c’est toujours avec un peu de nostalgie qu’on entend et voit ces instruments marcher.

Le second jour est peut-être l’apothéose de ce périple romantique : entre les vignes sur les rives gauches et droites du fleuve, les châteaux, forteresses, ruines médiévales se succèdent. Construits depuis l’ère romaine, ces châteaux ont eu de multiples fonctionnalités au cours des siècles : protection de leur seigneur propriétaire et de la population locale, passages douaniers, observation militaire en cas de conflit, supervision du trafic fluvial… En effet, ces édifices sont accrochés à des pitons rocheux et dominent largement de leur imposante stature le fleuve. Restaurées, ces forteresses sont pour la plupart d’entre elles ouvertes au public pour la visite, offrant ainsi un point de vue mémorable.

Au détour d’un méandre du Rhin apparaît dans la brume matinale le rocher de la Lorelei. Icône du romantisme, il se dresse à 132 mètres de haut, alors qu’à ses pieds le fleuve plus étroit et profond était fort dangereux pour les bateaux jusqu’au XIXsiècle. Avant de franchir ce passage, les bateliers sonnaient trois coups de cloche qui faisaient écho et étaient interprétés comme étant la voix des esprits. Les légendes se sont développées, dont la plus connue est celle d’une nymphe qui, par sa beauté et son chant, charmait le cœur des équipages. Les marins la regardaient, oubliaient les tourbillons du fleuve, brisaient leur bateau et sombraient dans le fleuve.

Heinrich Heine, Goethe et de nombreux musiciens ont célébré, chanté la Lorelei.

Non ensorcelé par l’enchanteresse, le bateau poursuit son trajet et défilent toujours les maisons colorées à colombages, les églises posées sur des pitons rocheux, les tours de péage, les forteresses qui dressent avec autorité leurs tours cannelées…

Même si les forteresses sont encore légion sur les rives futures du Rhin en remontant jusqu’à Cologne, puis à Amsterdam ; c’est près de Coblence que la traditionnelle navigation romantique s’achève.

• Port à port « Strasbourg-Rudesheim-Cologne-Amsterdam », à partir de 785 € pour 6 jours.

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