Exposition Un monde à guérir au « Lieu Unique » de Nantes
Du 27 octobre 2023 au 7 janvier 2024, le Lieu Unique de Nantes accueillera l’exposition Un monde à guérir, provenant des fonds du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Cecilia Goin, Retrouvailles entre deux frères, après plus de vingt ans de séparation, Sinnar, Soudan, 2007
CICR
Le Lieu Unique, cet espace d’art atypique, est situé non loin de la gare de Nantes et de l’ancienne usine Lu, au bord du canal Saint-Félix. Depuis le 1er janvier 2000, son credo est l’esprit de curiosité dans tous les domaines de l’art. Place donc à la photo humanitaire, de ses origines à nos jours, avec l’exposition Un monde à guérir.
Omniprésente dans l’actualité, l’image humanitaire est entrée dans notre quotidien il y a plus d’un siècle. Elle nous paraît souvent immédiate et univoque. La photographie cadre une scène et en offre une interprétation. Or la réalité du terrain est toujours plus complexe que sa représentation. Avec plus de 600 images de 1850 à nos jours, l’exposition Un monde à guérir est le fruit de plus de deux ans de recherche menée au sein des collections du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Le projet est coproduit en partenariat avec les Rencontres de la photographie d’Arles. L’exposition révèle, sur une très grande variété de supports, un patrimoine resté peu exploré à ce jour ; lequel réunit de grands noms de la photographie (avec l’agence Magnum Photos, Werner Bischof, Susan Meiselas ou encore Raymond Depardon). Les travaux d’Alexis Cordesse partagent les photographies personnelles conservées par les migrants et attirent l’attention du public sur la complexité du terrain, au-delà de sa représentation.
Un monde à guérir invite le public à regarder l’image humanitaire et à s’interroger sur son origine, sur ce qu’elle raconte et ce qu’elle ne montre pas. Pour Nathalie Herschdorfer, co-commissaire de l’exposition, il s’agit de valoriser la mission utilitaire de la photographie et ce que les images disent de notre époque : « La connaissance du passé, de l’histoire, s’est beaucoup faite au travers de l’écrit. Or l’histoire humanitaire ne peut pas être abordée sans celle de la photographie. Seulement 25 ans séparent l’invention de la photographie en 1839 et la création du CICR en 1863, leur destin respectif est intimement lié. Aujourd’hui plus que jamais, il est difficile de concevoir l’humanitaire sans image. »
Inventée en 1839, la photographie est un outil très rapidement associé à l’action humanitaire. De fait, la Croix-Rouge produit et conserve des photographies depuis sa création en 1863. Il y a 150 ans, il fallait avoir de solides connaissances en optique et en chimie et ne pas craindre de transporter un lourd équipement photographique alors difficile à manier. À la fin du XIXe siècle, la photographie devient reproductible, moins coûteuse et s’impose comme un puissant outil de communication. La photographie est là pour sensibiliser, alerter et montrer. Les photographes informent et communiquent. Leurs images servent à témoigner. La photographie humanitaire permet également d’évaluer.
Au XXIe siècle, la production d’images ne cesse de croître. Le phénomène s’est même amplifié ces quinze dernières années : 3 milliards d’images s’échangeraient chaque jour sur internet. Alors que la photographie amateure avait été délaissée par le CICR à partir des années 1960, l’usage intensif des smartphones change la donne, tout en posant de nouveaux défis. En effet, sur le terrain complexe des opérations, prendre et diffuser une image peut mettre en danger la sécurité des travailleurs humanitaires et leur mission.
Référence : AJU010p8