Expositions éclectiques dans les Hauts-de-Seine : Étoffes et littérature à Châtenay-Malabry, Jean Gabin à Boulogne-Billancourt

Publié le 17/03/2022

Musée de la toile de Jouy

Omniprésence des arts et des sens dans les Hauts-de-Seine (92), avec deux expositions qui mettent en avant le toucher pour celle de Châtenay-Malabry, et la vue pour celle de Boulogne-Billancourt.

Étoffes et littérature à la Maison de Chateaubriand

En collaboration avec la maison de tissus d’ameublement Pierre Frey, la Maison de Chateaubriand dans le domaine de la Vallée-aux-Loups invite à un voyage singulier au cœur de la littérature et des textiles d’intérieur. Place à l’approche des textes des romans réalistes du XIXe siècle en lien avec les tentures murales, les rideaux, les canapés, coussins, tapis des divers auteurs.

Cette exposition fait écho à celle du musée de la Toile de Jouy dans les Yvelines, sur la littérature dans les indiennes au XVIIIe et XIXe siècles. Elle est également un clin d’œil à la pandémie ; les professionnels de la décoration ont noté un très vif regain d’intérêt des Français pour l’aménagement de leur intérieur.

Les étoffes des écrivains

Dès le XVIIIe siècle, la « maison » devient un lieu de pouvoir et d’attribut, à travers laquelle l’écrivain revendique l’autorité de son magistère intellectuel, moral et politique. Elle signe en quelque sorte le « sacre de l’écrivain » et statufie le « grand homme ». À ce titre, Victor Hugo apparaît comme le pionnier et maître de l’architecture d’intérieur dès 1840. Place Royale (aujourd’hui place des Vosges), son intérieur a l’originalité d’une habitation élitiste-artistique, tout en signant un mode de vie bourgeois dans un « chez-soi » confortable et familial. À l’opposé, dans sa maison d’exil à Hauteville, les murs et plafonds sont tapissés de damas et de soieries aux feuillages, gazons et fleurs ; laissant entrer la nature et le jardin dans l’intérieur.

Rue Raynouard, la maison d’Honoré de Balzac n’est, en regard avec les nombreuses habitations de l’écrivain toujours à court d’argent, qu’une maison parmi tant d’autres. Théophile Gautier note un goût de l’écrivain « pour les vieux meubles, les bahuts, les potiches » plus prononcé que pour les tissus.

Couturière chevronnée, George Sand est dans sa maison de Nohant très attentive au choix des étoffes. Elle brode, coud, fait changer les papiers peints des pièces et leur affectation en fonction de ses nombreux amants qui y séjournent.

Privilégiant les couleurs originales (jaune, rouge, orangé) opposées aux lamas rouges et aux soieries bleues des décors bourgeois et aristocratiques, la maison d’Auteuil des frères Goncourt est tendue du sol au plafond ; Edmond disant lui-même qu’il aurait aimé être « inventeur d’intérieur pour des gens riches » s’il n’avait été écrivain.

C’est grâce au succès de L’Assommoir que Zola achète sa maison de Médan et on sait qu’il aimait y accumuler japonaiseries et objets du Moyen Âge, ainsi que papiers peints imitant le cuir de Cordoue.

Accumulation aussi pour Guy de Maupassant et goûts éclectiques avec du grenat, du jaune, du vert olive, du bleu dans son appartement de la rue du Boccador.

Les étoffes dans la littérature

Le Cousin Pons, Bel-Ami, Au Bonheur des Dames, Nana, La Conquête de Plassans : autant d’œuvres où l’écrivain argumente son récit de descriptions d’intérieurs et de tissus d’ameublement. Pourquoi ? Car chaque tissu caractérise une époque et un contexte social ; chaque lé de rideau campe un personnage, chaque coussin ou canapé provoque une sensation.

Au visiteur de comprendre, en les touchant, la diversité des matières et des tissus. Percale, soie, moire, damas, velours, lampas, brocart n’auront plus de secret pour lui à l’issue de la visite.

Parmi les collections permanentes de Châtenay-Malabry, les chambres de Chateaubriand et de Juliette Récamier viennent d’être entièrement rénovées grâce à des tentures rééditées à partir d’archives textiles des maisons Le Manach et Braquenié, éditeurs de tissus que la Maison Pierre Frey a pu acquérir, poursuivant ainsi sa quête de recherche de savoir-faire anciens et de préservation d’un certain patrimoine artistique.

• Maison de Chateaubriand, 87 rue de Chateaubriand, 92290 Châtenay-Malabry.

Jean Gabin à l’espace Landowski

Comme l’histoire de Boulogne-Billancourt est très marquée, via ses célèbres studios, par le cinéma, la ville rend hommage ; après des expositions sur Brigitte Bardot et Romy Schneider, au monstre sacré qu’était Jean Gabin.

Jean Moncorgé alias Gabin a incarné plus d’un personnage, puisqu’il a su être un acteur flic, un acteur truand, un acteur cheminot, un acteur banquier.

La rétrospective propose de raconter son histoire de l’enfance sur les bords de Seine à ses rôles légendaires, sans oublier sa passion pour la terre et les chevaux.

Et comme son jeu demeure mémorable, inimitable, on se souviendra et on pourra revoir certains de ses plus beaux films à l’image de La Grande Illusion et Le jour se lève, tournés dans les studios de Billancourt et Touchez pas au grisbi, Le Chat, Deux Hommes dans la ville, tournés aux studios de Boulogne.

Sur 700 m2, objets authentiques, effets personnels, films confiés par le propre fils de l’acteur, Mathias Moncorgé, seront visibles.

Comme le dit Pierre Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt, Gabin était « râleur, taiseux, généreux, séducteur, gaulois » ; un homme qui ne cesse de nous rappeler une époque entière à travers lui et au plus profond de nous.

Jean Gabin n’a écrit qu’une seule chanson : Maintenant je sais, dont les paroles sont les suivantes : « La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses. On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses. C’est tout ce que j’sais. Mais ça, j’le sais ».

Grâce à cette exposition, nous en saurons un peu plus sur l’homme et l’icône que fut Gabin.

• Musée des années 30, espace Landowski, 28 avenue André-Morizet, 92100 Boulogne-Billancourt.

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