Exquis almanachs

Publié le 24/01/2024

Librairie Anne Lamort

Les dictionnaires ne sont pas toujours courtois. La preuve, à l’entrée « galant », certains considèrent le mot comme « vieilli », avant de définir le galant homme : « Homme qui a le sens de l’honneur, qui se comporte avec loyauté, noblesse, générosité, sachant inspirer confiance. » Cela signifie-t-il que cette espèce est devenue obsolète ? Il fut un temps ou le jeu de la séduction si bien usé par Beaumarchais, passait par la galanterie. Et Marivaux donc, qui inspira le mot « marivaudage » ? Quoi qu’il en soit, rien n’est plus charmant que ces almanachs dits galants que l’on voit çà et là apparaître dans les catalogues de ventes et des libraires. La librairie Anne Lamort en propose sept dans son dernier catalogue.

L’un d’entre eux, habillé par une délicieuse reliure en soie ivoire ornée de broderies de fils d’or, de paillettes et de strass, dessinant au centre un carquois, recouvre des titres non moins exquis : Il est joli comme un cœur ou le portefeuille d’Anacréon, étrennes aux grâces (Paris, Janet, 1794, in-32, 48 p.). Il est orné d’un titre frontispice et de 12 figures, le tout aquarellé à la main. « Les scènes champêtres, mondaines ou amoureuses sont parfois très suggestives », prévient la libraire. Cet exemplaire qui est affiché 2 000 €, est, selon John Grand-Carteret, auteur de l’ouvrage de référence Les Almanachs français, paru en 1896, le seul référencé. Dans cet ouvrage qui étudie les almanachs français entre 1600 et 1895, le bibliographe répertorie plus de 1 500 almanachs sur 3 633 notés. Le reste des ouvrages décrits par Grand-Carteret se répartit en 350 Étrennes, 300 Annuaires, Annales et autres Années et seulement 130 Calendriers ou encore 50 Agendas. Parmi eux, on rencontre l’Almanach des grâces. Il s’agit en réalité d’un recueil d’« étrennes érotiques dédiées à Madame d’Artois, pour l’année bissextile 1792 », orné de 264 vignettes gravées sur bois. L’Almanach dédié aux dames est plus sérieux. L’un d’entre eux, daté de 1814 est, curieusement, uniquement orné de gravures inspirées par la chasse. Il est vrai que les « dames » et « demoiselles » étaient une cible privilégiée pour la confection des almanachs.

Un autre almanach proposé dans le catalogue de la librairie Lamort, dont on demande 2 500 €, intitulé : L’École des Mœurs, ou les soirées de Célie (Amsterdam, J. Van Oulik, 1795, in-12), orné de 12 figures, relié en soie ivoire, orné lui aussi de broderies de fils d’or, de strass et de paillettes, présente une miniature sous mica sur chaque plat, et un miroir au premier contre-plat. La première miniature représente un jeune homme assis dans la nature, s’adressant à une tourterelle qu’il tient dans sa main ; dans la seconde, une jeune femme avec un panier de fleurs à ses côtés s’adresse à un minuscule chiot ou chaton. Les poètes ou les amateurs pourront interpréter ces deux scènes pour le moins galantes.

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