« Fantaisies animales » : le verre de Murano à l’honneur au domaine de Sceaux

Publié le 16/11/2023

Jusqu’au 31 mars 2024, le Domaine départemental de Sceaux accueille les verres de Murano de la collection Pierre Rosenberg.

Perroquet, 1954, vase, verre soufflé à cannes multicolores en lignes brisées

Philippe Abergel

Pierre Rosenberg a accumulé au fil des ans de nombreux animaux en verre de Murano, alors que par son activité il est un spécialiste du dessin et de la peinture du Grand Siècle. Cette collection inattendue se compose des pièces les plus importantes de l’ensemble des 680 animaux donnés par Pierre Rosenberg au département des Hauts-de-Seine en 2020.

La collection et l’exposition invitent à découvrir une centaine d’animaux de verre de Murano, à travers un panorama de la production de sculpture animalière du XXe siècle, des années 30 aux années 90, des meilleurs artistes verriers vénitiens.

Verre soufflé ou massif, pâte de verre, verre transparent, irisé ou corrodé, les techniques utilisées par les créateurs de l’île ont évolué selon les époques. On trouvera des pièces des grandes verreries de Murano comme Venini, Seguso ou Barovier&Toso, qui ont collaboré avec des artistes et designers italiens tels que Carlo Scarpa et Tomaso Buzzi, ou étrangers comme la suédoise Tyra Lundgren ou l’américain Ken Scott.

Le verre est un savoir-faire datant du Moyen-Âge, historiquement ancré à Venise. Craignant les risques d’incendie, la République de Venise ordonne en 1291 la destruction des fonderies. Les verreries s’installent alors sur l’île de Murano. La production verrière connaît son âge d’or aux XVIe et XVIIe siècle. À la fin du XVIIIe siècle, Venise est cédée par Bonaparte aux Habsbourg, puis reprise et intégrée au royaume d’Italie en 1805. En 1815, elle est finalement intégrée à l’empire austro-hongrois jusqu’en 1866. Le savoir-faire verrier tombe alors en désuétude, le pouvoir autrichien privilégiant la production du verre de Bohème. Après 1866, Venise, redevenue italienne, connaît un nouveau dynamisme et retrouve son rayonnement international. La redécouverte des techniques ancestrales du verre de Murano participe à ce mouvement, qui se poursuit dans le début du XXe siècle, notamment dans l’entre-deux-guerres. Dans les années 1920, les verreries font appel à des artistes contemporains pour assurer le rôle de directeur artistique, au premier rang desquels le sculpteur Napoleone Martinuzzi, qui joue un rôle fondamental dans l’émergence de la petite sculpture en verre décorative, notamment animalière. La création du verre à Murano au XXe siècle oscille entre deux pôles, d’une part la redécouverte et la réinterprétation des techniques traditionnelles du verre, verre lattimo, filigranes sous différentes formes, verre à cannes et murrine, d’autre part de développement de la recherche et l’émergence de nouvelles techniques qui permettent d’exploiter toutes les possibilités expressives du verre. Depuis 1920, des artistes contemporains jouent un rôle fondamental dans le développement de la petite sculpture en verre décorative, notamment la représentation d’animaux.

Une future salle sera consacrée à cette collection dans le cabinet des collectionneurs du musée à Saint-Cloud. Cette exposition est ainsi la préfiguration de ce que sera cette salle vouée aux sculptures animalières en Murano.

Cette esposition se tient donc dans le petit château du Domaine départemental de Sceaux, qui accueille la Mission de préfiguration du musée du Grand Siècle jusqu’à l’été 2026. Construit en 1660, le petit château a été entièrement rénové intérieurement pour accueillir des œuvres de la donation de Pierre Rosenberg, ainsi que les acquisitions faites par le département. Les sept salles d’exposition, qui prennent place au rez-de-chaussée et au premier étage, offrent au public, comme dans le futur musée, des tableaux, des sculptures, des objets d’art et des meubles, ici présentés dans l’esprit d’une maison privée de collectionneur.

Visites guidées et ateliers, tant de modelage que de sculptures de ballons, compléteront cette exposition pour satisfaire tous les publics, des enfants aux adultes.

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