Félix Deschamps Mak à la galerie Lazarew

Publié le 14/04/2022

Félix Deschamps Mak, Collision I, huile sur toile.

Galerie Lazarew

« La peinture n’est pour moi qu’un moyen d’oublier la vie. Un cri dans la nuit. Un sanglot raté. Un rire qui s’étrangle » – Georges Rouault

« Si vous entendez une voix qui vous dit « tu ne peux pas peindre », alors peignez par tous les moyens possibles et cette voix se taira » – Vincent Van Gogh

Des peintres de la jeune génération d’aujourd’hui ont choisi la figuration pour nous conduire dans des narrations où la réalité a repris sa place, où l’image du corps et du visage montre un rapport au monde, se teintant de l’émotionnel dramatique ou joyeux, pour nous donner une lecture singulière de leurs toiles. Mais l’imaginaire est toujours présent, en peinture comme au théâtre ; il nous saisit, nous emmène dans une histoire.

La figuration propose une sorte de théâtralité, une représentation où chacun de nous construit l’histoire qui lui convient, selon ce qu’il ressent et interprète, selon ce qu’il peut voir…

Félix Deschamps Mak est l’un de ces jeunes artistes. En 2016, il a intégré l’École des Beaux-Arts de Paris, dans les ateliers de Jean-Michel Alberola et de François Boisrond. Parallèlement à son travail, il a réalisé des scénographies pour L’Avare, Bouvard et Pécuchet ou Transsibérien je suis, et participé à des livres d’artiste comme Figures, Kopeck ou Force Ancêtres.

Comme certains de ses condisciples, il a donc laissé l’abstraction qui, depuis plusieurs décennies, s’est imposée. Mais cette abstraction s’est toutefois détournée de ce que proposèrent Kandinsky ou Mondrian. En effet, les coulées ou les projections de peinture sur la toile ne se référent réellement pas au concept initial de l’abstraction. Nous pouvons donc nous réjouir de retrouver la fonction des formes et des couleurs, non pas disposées au hasard mais pensées, pour une nouveauté de discours et de thématiques.

La thématique des peintures de Félix Deschamps Mak, nous la discernons facilement et rapidement, ce sont le théâtre, les clowns et les saltimbanques, c’est-à-dire la représentation, le monde de la scène. Un imaginaire nous proposant des lieux, des personnages, des histoires. Les postures, les gestuelles, les regards et les mimiques des personnages représentés chez le peintre sont dans le registre de la dramaturgie, de l’ironie, des expressions qui nous renvoient à nous-mêmes, comme le font les personnages des pièces de Molière, de Tchekhov ou de Shakespeare.

Les visages peints par Félix Deschamps Mak ont une présence forte : Figure en rouge, Portrait bleu ou Autoportrait au bonnet vert, et la gestuelle de certains personnages, comme dans Figure agenouillée, Collision ou Grande fenêtre, ne sont pas des poses ; les personnages sont en attente de mouvement, en attente de se déplacer ou d’aller vers un autre personnage. Ils sont en arrêt, mais prêts à poursuivre leur jeu. De même pour les portraits, nous attendons, en les regardant, qu’ils reprennent leur dialogue, certains ont d’ailleurs la bouche entrouverte.

D’autre part, pour ses compositions, Félix Deschamps Mak se souvient de peintures ou de photographies. Un peintre a toujours en mémoire des tableaux ou des photos qu’il a observés, puis mis en réserve, et consciemment ou inconsciemment, au cours de son travail, sa mémoire lui rappelle une attitude, un regard, des couleurs. C’est un travail en résonance.

Les compositions qui nous sont proposées n’ont pas de perspective. Les fonds sont sombres, ce qui permet aux figures de se détacher, de marquer davantage leur présence. Nous remarquons aussi une géométrie formelle, comme dans Composition avec quatre figures ou Collision. Quant aux couleurs employées, elles sont à l’image de la thématique. La palette de Félix Deschamps Mak se resserre autour de bleus-gris, de jaunes et de rouges orangés.

• Galerie Lazarew, 14 rue du Perche, 75003 Paris.

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