Hauts-de-Seine (92)

Formes vivantes à Sèvres : la céramique au défi de la matière vivante

Publié le 13/04/2023

Le musée national de la céramique accueille jusqu’en mai l’exposition Formes vivantes, une présentation des différentes manières dont la nature a inspiré les arts de la céramique et de la porcelaine.

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L’imitation de la nature dans les arts est une vieille histoire et la pratique de la céramique n’est pas en reste dans sa représentation, sous les formes les plus variées. La traversée des espaces des collections permanentes du musée, pour accéder à l’exposition, laisse déjà deviner au visiteur l’évidence du sujet. Conçue par le musée national Adrien-Dubouché de Limoges, en 2019, l’exposition est aujourd’hui présentée au 3e étage du musée national de la céramique, avec davantage de pièces issues du fonds conservé à Sèvres. Découpé en plusieurs parties très didactiques et distinguées par d’harmonieuses couleurs, le parcours est passionnant et riche de découvertes.

L’exposition commence par nous faire remonter aux sources de l’inspiration des artistes, avec ces objets trouvés dans la nature qui semblent eux-mêmes faits de porcelaine, comme les coquillages ou bien l’intriguant corail, être qui tient à la fois du minéral, du végétal et de l’animal.

Puis les différents chapitres s’enchaînent sous nos pieds : « Naturalisme », « Imaginaires organiques » et « À l’intérieur du vivant ». Mêlant intelligemment chronologie et thématique, ces chapitres mettent par exemple en lumière l’inspiration de la nature et en particulier des animaux aquatiques chez Bernard Palissy, génial céramiste et savant du XVIe siècle, et chez ses héritiers, qui réalisèrent ainsi des plats luisants de poissons, grenouilles et coquillages moulés sur le vif. Une œuvre riche en inspiration tout au long de l’histoire de l’art, que ce soit dans les réalisations de trompe-l’œil en porcelaine (superbes choux, citrons ou dindons) ou dans des œuvres comme les « Vagues pour Palissy » réalisées par Johan Creten (né en 1963). Des représentations dont la précision relève de la prouesse, dans le cas d’un art où la matière peut se déformer lors de la cuisson.

Des représentations naturalistes qui passent aussi par celles du corps humain, où les moulages du corps des artistes eux-mêmes côtoient des représentations de sexes féminins (Carole Deltenre) : rien d’étonnant pour un art – la porcelaine – qui tire son nom d’une allusion à la vulve de porc !

Au fil du temps, la perception de la nature change chez l’homme : les connaissances scientifiques enrichissent et complexifient son regard, le bouleversement climatique implique une nature changeante, tour à tour menacée et menaçante. Des changements qui se reflètent dans l’art : les formes se font hybrides (l’Art nouveau, par exemple, étirant démesurément les tiges du tournesol), les textures lisses laissent la place à des matières qui semblent sableuses voire mousseuses, les couleurs offrent à l’œil des dégradés étranges (Claire Lindner).

Jusqu’à laisser apparaître l’intérieur des matières organiques, découvertes à l’humain à travers la dissection, le microscope, et leur reproduction dans la terre cuite à l’aide d’impression 3D.

En regard des céramiques, quelques objets (peinture, objets scientifiques) viennent faire écho à ces perceptions du vivant.

Musée national de céramique – 2, place de la Manufacture, Sèvres (92)

Jusqu’au 7 mai 2023

Plus d’informations sur https://www.sevresciteceramique.fr/programme/actualites/formes-vivantes-exposition.html

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