Georges-Jean-Jacques Mouchet, les dames et l’amour

Publié le 01/06/2022

Cet exemplaire de la seconde édition du Dictionnaire, contenant Les Anecdotes Historiques De L’Amour, paru en 1811, a été adjugé 200 €.

Tajan

Georges-Jean-Jacques Mouchet (1737-1807) était un lexicographe qui participa pour sa plus grande part au Glossaire de l’ancienne langue française depuis son origine jusqu’au siècle de Louis XIV, mit en chantier par Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781) et par Louis-Georges de Bréquigny (1715-1795). Mouchet avait commencé par apporter une aide conséquente à son ami Curne dans la rédaction de sa Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés, concernant l’histoire de France, dont il a paru 3 volumes in-folio depuis 1769 jusqu’en 1780. Ce qui incita sur le conseil de Bréquigny d’associer Mouchet à la préparation et la rédaction du Glossaire de l’ancienne langue française… Les années passant, en 1770, il demeura seul dans l’exécution du projet. Le premier volume comprenant 740 pages de la lettre « A » jusqu’aux lettres « AST », sortit en 1780 des presses du Louvre. Lors de la Révolution, Mouchet ne fut pas guillotiné mais fut privé de ses ressources. Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy (1737-1800), qui était conservateur des manuscrits, fit admettre Georges-Jean-Jacques Mouchet comme employé à la section des manuscrits de la Bibliothèque impériale. Mais affaibli par les privations, ce savant mourut sans parvenir à poursuivre ce Glossaire dont on prévoyait qu’il remplirait 60 volumes.

Est-ce durant ses recherches lexicales que Mouchet recueillit des anecdotes inspirées par l’amour ? On veut bien le croire ; il publia sans nom d’auteur, en 1788, un Dictionnaire Portatif, Contenant Les Anecdotes Historiques De L’Amour, Depuis Le Commencement Du Monde Jusqu’À ce Jour. Un exemplaire de la seconde édition, dont le mot « portatif » a été supprimé dans le titre, relié en demi-chagrin rouge, le dos à nerfs ornés, a été adjugé 200 €, à l’espace Tajan, le 14 avril dernier. Cette nouvelle édition a été largement revue et augmentée. Ces anecdotes, croyez-le, sont souvent drôles, et donnent à voir les personnages célèbres sous un autre jour.

Grâce à cette galerie, nous découvrons l’histoire de Mlle [Lucrèce] Greinwill, qui plut à François, le frère du duc de Buckingham. Ce dernier fut tué à la bataille de Saint-Neds par Cromwell lui-même. La belle jura de venger son amant, eut l’occasion de tirer sur lui, mais le manqua. « C’est moi, tyran, qui ait fait le coup et je serai inconfortable d’avoir blessé un cheval, au lieu d’un tigre comme toi », lui lança-t-elle du balcon d’où elle avait tiré. Cromwell, « hypocrite », dit l’auteur, méprisa le coup, l’insulte, et se contenta d’envoyer l’un de ses officiers chez lord Greinwill qui déclara que sa fille était folle. « Il la leur recommanda » et l’on n’en entendit plus parler depuis », conclut Mouchet.

• Tajan, 37 rue des Mathurins, 75008 Paris

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