Gouache et rehauts de blanc

Publié le 24/02/2023

Ce Portrait d’un prince Moghol (art moghol, XVIIIe siècle, gouache, or et encre sur papier) sera  présenté au Salon du dessin, au Palais Brongniart

Galerie Kevorkian

Il n’y a pas de blanc opaque en aquarelle ! Ce constat ferait songer au titre d’un roman policier. Il s’agit en réalité d’une technique picturale. Si le peintre souhaite faire apparaître du blanc dans son aquarelle, il n’a que le choix d’écarter son pinceau sur la feuille de papier blanc. Il peut toutefois rehausser de gouache blanche sa peinture. Ce sont les fameux rehauts que l’on lit dans les descriptions des catalogues. Comme dans cette Vue du Bosphore (36 x 51 cm), une aquarelle gouachée, crayon et rehaut de blanc, exécutée en 1844, adjugée 102 € à Drouot, le 2 décembre 2022 par la maison Euvrard & Fabre.

Le Salon du dessin, qui se déroulera du 22 au 27 mars prochain au Palais Brongniart, donnera l’occasion de se pencher davantage sur les gouaches et de les apprécier. La galerie Kevorkian présentera le Portrait d’un prince Moghol, une miniature indienne dite d’art moghol (fin du XVIIe – début du XVIIIe siècle) extraite d’une page d’un album compilé par l’orientaliste Suisse, Antoine-Louis Polier (1741-1795). Cette gouache, or et encre sur papier comporte une calligraphie au verso signée Hafiz Nur Allah. Ce dernier est issu de l’école de Lucknow (fin du XVIIIe siècle). La ville de Lucknow, dans la province d’Awadh (actuel Uttar Pradesh) était l’une des cités parmi les plus importantes de l’Inde musulmane. Elle y accueillait l’élite de la société, à la fois indienne et européenne, qui y menait une vie fastueuse. Elle put ainsi attirer les artistes, les poètes, les courtisans, les voyageurs et surtout les commerçants. Le personnage est représenté de profil, dans un paysage à peine esquissé, tenant dans sa main gauche une rose et s’appuyant de l’autre sur un sabre. La qualité du dessin et l’élégance du sujet n’en sont que plus séduisants.

La gouache n’est donc pas une aquarelle, bien qu’elle soit aussi une peinture à l’eau. Elle est couvrante et opaque, on dit qu’elle est à la détrempe. Le mot vient de l’italien guazzo, sans doute formé par aquatio (aller chercher de l’eau) qui a donné acquazzonex. La gouache s’alimente d’eau, mais peut se nourrir d’autres ingrédients comme la mine de plomb, l’encre noire à l’aide d’une plume, les lavis, ici gris et brun, et l’aquarelle. Cela est probant dans la composition de la feuille L’Oiseau argenté (29 x 28,8 cm), par Gustaf Tenggren (1896-1970), qui sera présentée par Benjamin Peronnet. Dans un autre style très XVIIIe siècle, nous découvrirons sur le stand de la galerie hollandaise Onno van Seggelen Fine Arts, spécialisée dans les dessins des maîtres anciens (surtout des Pays-Bas), une œuvre de Jacob de Wit (1695-1754). Celle-ci est inspirée par Jupiter et Callisto (craie noire, plume et encre brune et grise, lavis brun et gris, aquarelle et gouache, rehaussé de blanc). Elle est datée de 1733.

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