Griffer le papier pour dessiner

Publié le 15/03/2024

« Le papier, je le besogne, l’arrache, le griffe, l’écorche » écrivait Jean Dubuffet, en évoquant ses propres dessins. Que l’on apprécie ou non cet artiste (1901-1985), théoricien de ce que l’on appelle l’« art brut », il s’est imposé et a pris une place importante dans l’histoire de l’art du XXsiècle. Les visiteurs du Salon du dessin, dont la 32e édition se déroulera du 20 au 25 mars 2024 au Palais Brongniart, auront le loisir d’étudier la manière dont Jean Dubuffet pratiquait le dessin.

Ditesheim & Maffei Fine Art Sa/Salon du dessin

Celui-ci s’opposait au parti du « bien dessiner » en faveur de celui du « mal dessiner ». « Chez Dubuffet, le papier parle : support parfois brutalisé, gratté, peint, découpé et assemblé, il est parfois simplement ajouté pour servir d’aplat de couleur. » C’est que l’on appelle de « l’innovation technique. » Ainsi, les premiers dessins du cycle de L’Hourloupe (1962-1974) sont réalisés avec un stylo « Bic » quatre couleurs ; le marker et le feutre prendront ensuite le relais. »

« Les collectionneurs actuels cherchent des images singulières par des artistes renommés » explique le galeriste Ambroise Duchemin. Ils seront servis grâce aux œuvres brutes de Dubuffet. Ce 32e salon recevra 39 exposants dont 17 galeries étrangères. Outre l’exposition organisée par la Fondation Dubuffet, celle de la Tavolozza Foundation, se concentrera sur le thème de l’artiste au travail. Par ailleurs, un colloque international sur les Artistes voyageurs et les dessins de voyage, plus l’exposition des trois finalistes du prix du dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain, complèteront les activités du Salon, sans oublier la Semaine du dessin, organisée par le Salon du dessin, qui offrira au public des visites privées inédites de cabinets d’art graphique dans une vingtaine de musées et institutions partenaires dont le Musée d’Orsay, le Centre Pompidou, le Musée des arts décoratifs, etc.

Cette période consacrée au dessin sous toutes des formes, sera encore marquée par des ventes publiques tant à Drouot que chez d’autres commissaires-priseurs, Sotheby’s et Christie’s et d’autres salons comme le ou la Drawing Now Art Fair. Cette 16e édition mettra l’accent sur certaines propositions contemporaines à travers le parcours Parallaxe. Ce terme particulier définit « l’impact du changement de position de l’observateur, sur l’observation d’un objet. En d’autres termes, la parallaxe est l’effet du changement de position de l’observateur sur ce qu’il perçoit. » Ce que, dans le fond, tous les artistes, depuis la Renaissance, pratiquent en exécutant des séries de dessins et vues différentes. Les différentes vues de la cathédrale de Reims, ou les meules de Claude Monet, seraient un bel exemple de parallaxe. Sinon, nous regarderons au Salon Le Campement devant le sphinx, aquarelle sur papier exécutée en 1861 par Carl Haag, présentée par la galerie Mathias Ary Jan, qui pourrait en être un autre exemple, ainsi que le Lion couché et tête de félin, par Delacroix, qui présente deux visions différentes de fauves (plume et encre brune, lavis brun, 18 x 23 cm) à la Galerie de Bayser.

Plan
X