Gustave Caillebotte, impressionniste et moderne

Publié le 07/09/2021

Les Raboteurs de plancher.

RMN-Grand Palais (musée d’Orsay)

La Fondation Gianadda à Martigny, en Suisse, met en lumière cet été un artiste trop méconnu : Gustave Caillebotte, qui a tenu une place importante au sein du groupe impressionniste.

Le commissaire de l’exposition, Daniel Marchesseau, conservateur honoraire du patrimoine, a réuni près de 90 tableaux réalisés entre 1870 et 1894 grâce à des prêts de différents musées ainsi que de grandes collections européennes. Cet ensemble témoigne du talent original de l’artiste mort jeune, à 45 ans, qui a créé une œuvre singulière à l’impressionnisme personnel que l’on retrouve dans les moins de 500 toiles qu’il a exécutées.

Peintre et collectionneur, Caillebotte vit sans problème matériels à la suite du décès de son père dont il hérite une petite fortune. C’est sous la houlette du peintre Léon Bonnat qu’il entreprend des études artistiques mais son enseignement trop académique ne lui convient pas. Sa rencontre avec Edgar Degas puis avec Claude Monet l’incite à s’intéresser à l’impressionnisme éloigné de tout conformisme. Il peint sans nécessité de vendre ses tableaux contrairement à la plupart de ses amis auxquels, d’ailleurs, il vient en aide en acquérant leurs toiles ; il constitue ainsi une belle collection où figurent Cézanne, Renoir, Monet, Degas, Sisley et bien d’autres. C’est lui qui, souvent, finance les expositions impressionnistes. Ce rapprochement avec le groupe est aussi intervenu à la suite d’une grande déception : le refus par le jury du Salon officiel des Raboteurs de plancher, devenu une œuvre emblématique de son art.

Caillebotte se révèle novateur dans les thèmes abordés : la ville haussmannienne évoquée en des vues plongeantes influencées par la photographie alors en plein essor, c’est le célèbre Pont de l’Europe d’un réalisme intéressant que l’on retrouve dans Les Raboteurs de plancher mais encore des paysages de banlieue ou la vie ouvrière. Quant aux personnages, ils apparaissent en proie à une certaine solitude ; enfermés dans leur univers, ils semblent assez indifférents à ceux qui les entourent. Marqué par la guerre de 1870, la défaite de Sedan, Caillebotte aspire à un autre monde, à un idéal qu’il va trouver dans l’impressionnisme libéré des carcans académiques.

Témoignant d’audace, il prend une part active à l’évolution de la société : il capte sur la toile l’évolution de la vie vers la modernité : Boulevard Haussmann, mais encore des scènes intimistes telle La leçon de piano. La nature est également un sujet important, on admire les magnifiques Roses ou Les Orchidées, fleurs décorant le jardin de sa maison du petit Gennevilliers dont il exprime le charme et la poésie. Caillebotte est aussi passionné par le nautisme, il réalise des compositions au cadrage original, saisit le scintillement de la lumière sur l’eau, les reflets, le clapotis avec sensibilité tandis que la verticalité des mâts des voiliers structure l’œuvre : Voiliers à Argenteuil. Il apprécie également la Normandie, se rend dans la région de Trouville, ses tableaux sont révélateurs de son enthousiasme. Vers la fin de sa vie, l’évocation impressionniste de la lumière s’épanouit dans ses compositions.

Peintre, Caillebotte a témoigné de l’importance de l’impressionnisme qui bouleversait la peinture, l’ouvrait à la modernité. Mécène, il a légué sa collection à l’État afin qu’elle reste groupée ; ce legs a occasionné bien des remous avant son acceptation définitive.

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