Harriet Backer : la musique des couleurs

Publié le 22/10/2024

Harriet Backer (1845 – 1932), Intérieur bleu, 1883

© Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design, NG.M.02216/ Photo: National Museum / Børre Høstland

Harriet Backer, artiste norvégienne (1845-1932) est à découvrir jusqu’au 12 janvier 2025 au musée d’Orsay ; elle est exposée pour la première fois en France. Avec des toiles qui ont pour thèmes la nature, les scènes quotidiennes.

Peu connue, cette artiste a cependant exercé une forte influence sur son époque ; les œuvres présentées au musée d’Orsay attestent de son talent, de sa forte sensibilité et d’une évolution permanente, ce qui confère une belle diversité dans son travail. Grande voyageuse, elle s’est rendue à Berlin, Florence, Munich, Paris où elle est restée dix années, afin de découvrir des expressions différentes, d’enrichir sa création.

L’exposition retrace l’évolution de son œuvre ; elle a su créer un style personnel à partir des divers mouvements artistiques qui se sont succédé à son époque. Si, au premier regard, son art s’apparente fortement au réalisme, elle est aussi parfois proche de l’impressionnisme. Après ses études aux Beaux-Arts de Munich, c’est à Paris qu’elle a affirmé sa personnalité, son style. On apprécie ses scènes intimistes très vivantes, naturelles, réalisées avec le souci d’une lumière créatrice d’atmosphère tant dans les intérieurs qu’à l’extérieur et dans une palette riche savamment modulée.

Au cours du temps, son œuvre témoigne d’une vraie modernité entre paysages et intérieurs paisibles tels Jeune femme au piano ou À la lumière de la lampe dans lequel elle passe aisément du clair-obscur des intérieurs à la lumière du plein air. Harriet Becker était passionnée par la musique, elle a ainsi parfaitement transmis l’ambiance de scènes musicales. Fort vivants aussi, les portraits d’une grande vérité révèlent son attention à l’autre. Peu à peu sa touche va se libérer, elle prend des libertés, s’éloigne du strict dessin mais en conserve cependant l’essentiel. Ainsi apparaît une création personnelle, toujours dans la « musique des couleurs », un fort chromatisme et une grande poésie.

Autre thème : la nature avec des jardins fleuris, accueillants, poétiques mais encore des animaux dont on devine qu’elle les a longuement observés, étudiés afin de les peindre dans leur réalité : lièvre ou chat paresseusement allongé, oiseaux ou renards témoignent de son intimité avec eux.

Harriet Backer a été reconnue de son vivant dans son pays où elle a exercé une grande influence dans le milieu artistique ; elle a notamment ouvert une école de peinture en 1890. Indépendante, féministe, elle s’est révélée d’une grande force de caractère et en même temps pleine d’une vraie sensibilité dans son approche des sujets choisis, en particulier les portraits qui unissent vérité et présence autant qu’un intéressant naturel. Ouverte à tous les thèmes, elle a su les transcrire avec un regard personnel et, souvent, une grande poésie et elle a excellé dans la synthèse intérieur-extérieur ; son œuvre poétique est le reflet d’une évolution qui n’a cessé de se renouveler. Elle a également beaucoup œuvré pour la reconnaissance des femmes dans le milieu artistique.

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