Henri Bosco (Avignon, 1888 – Nice, 1976)

Publié le 16/02/2018

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Souhaiter parler d’Henri Bosco paraîtra à certains désuet, car aujourd’hui cet écrivain est oublié et semble n’intéresser quasiment personne. Pourtant, si nous nous donnions la peine de prendre dans nos mains l’un de ses romans, tels Pierre Lampédouze, 1924, L’Âne culotte, 1937, Malicroix, 1948, Un Rameau de la nuit, 1950, L’Épervier, 1963 ou Le Récif, 1971, nous découvririons un auteur qui nous guide dans un univers où la nature est décrite dans toute sa réalité, et où l’homme y est confronté à tout moment. Son œuvre nous emmène sur les pas de son enfance et de sa contrée où il naquit : la Provence.

Henri Bosco est un romancier du mystère, des éléments, de la terre et des songes. Ce fut au « Mas du Cage », entre le Rhône aux imprévisibles impétuosités et la Durance, non moins capricieuse, qu’Henri Bosco prit contact avec la nature et ses éléments.

Henri Bosco est également l’héritier de cette pensée joviale des hommes du Midi ; il est un généreux conteur. Ses romans célèbrent les paysages de cette province, le Lubéron, la plaine de la Durance, le Rhône, les bergers et les paysans, tout un monde sublime qui est raconté avec réalisme mais qui se double d’images fantastiques et imaginaires.

Le monde d’Henri Bosco s’inscrit en effet entre le réel et l’irréel. C’est une vision qui se dédouble dans les instants où la rêverie s’installe tout à côté du réel. C’est aussi le reflet d’une poésie au contenu héroïque et mystique, notamment dans son roman Malicroix.

Dans son premier roman, Pierre Lampédouze, la note est déjà donnée. Dans ce livre apparaît cette alternance de la réalité quotidienne et du mystère, au sein d’un monde paysan régi par des croyances ancestrales. L’œuvre d’Henri Bosco est imprégnée par cette tradition de la vie quotidienne liée à la nature sauvage, indomptée, et de ses éléments. Éléments de la nature qui se montrent parfois avec violence, déroute, et où notre courage peut être mis à l’épreuve. Cependant, dans ses livres, Henri Bosco semble avoir recherché une sagesse fondée sur le respect de la nature et de ses mystères, décrivant les humains dans leur milieu. C’est un syncrétisme poétique où fusionnent les mystères païens et une philosophie spiritualiste. Le point central est principalement un homme qui contemple la nature, jouit de ses dons, mais désire pénétrer ses mystères pour la connaissance. Un surnaturel l’habite incontestablement, et il est en quête de paix et de solitude.

Au sujet de ses romans, Henri Bosco précisa : « Je n’écris pas, je transcris ; et ce sont des hallucinations que je transcris ». Il s’agit certainement de comprendre que les phénomènes d’une certaine réalité sous-jacente, liée aux formes et forces de l’imaginaire, Henri Bosco les transposent dans le quotidien, dans le but de nous faire cheminer avec elles, de nous projeter dans son monde. Dans son monde qui est une surréalité, pour une évocation qui s’apparente tout naturellement à l’état des songes. Là, il n’y a pas perte de conscience. C’est pourrait-on dire, une suite d’instants symboliques dans un rêve éveillé. Il précisa encore, dans Un rameau de la nuit : « Je percevais maintenant trop de choses pour la paix de mes nerfs intensément tendus. Car ils voulaient capter, au-delà de ces sensations cependant insolites, d’autres manifestations plus subtiles encore et atteindre à l’imperceptible dont je redoutais les secrètes menaces ».

Avec Henri Bosco, nous ne demeurons pas dans la banalité. Elle est transcendée pour nous permettre de voyager dans les « sauvages imaginaires » des éléments de la nature qui nous entourent. Nous pénétrons des lieux avec ses expériences et méditations. Dans Malicroix nous pouvons lire : « Sur ces étendues infinies, des hauteurs s’élevaient, immatérielles, et, s’y abîmaient irréellement. Je ne perdais point conscience, et tant le sol boueux que l’eau m’étaient présents ; mais j’étais soudain devenu plus sensible à ce sentiment de l’amplitude inspiré du dehors par la nature et qui m’arrivait du dedans avec toutes les voix de la solitude nouvelle ».

 

 

 

LPA 16 Fév. 2018, n° 133n4, p.14

Référence : LPA 16 Fév. 2018, n° 133n4, p.14

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