Henri Cartier-Bresson, Images à la sauvette

Publié le 10/02/2017

Henri Cartier-Bresson, Images à la Sauvette (Verve, 1952), couverture.

Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

Le célèbre ouvrage d’Henri Cartier-Bresson, Images à la sauvette, fut un projet dont l’initiateur était l’éditeur Tériade. Il vit le jour au mois d’octobre 1952, dans le cadre d’une coédition franco-américaine, avec le concours d’Henri Matisse, dont la carrière était à l’apogée, et des éditeurs américains Simon & Schuster. Et sans en être conscient, ces derniers allaient imposer la formule « The Decisive Moment », la version américaine du titre du livre. Images à la sauvette eut un succès retentissant dès sa parution, et il fut considéré comme une « bible pour les photographes », selon les mots de Robert Capa.

Dès le début de ce projet, Henri Cartier-Bresson envisagea que ce livre serait un aboutissement de son travail. Dans les années 1930, il avait rencontré Tériade, le créateur de la revue Verve, qu’il désignera peu de temps après comme son « maître à penser ». Ils projetèrent alors de réaliser un ouvrage sur les bas-fonds dans grandes villes avec Eli Lotar, Bill Brandt et Brassaï. Ce projet ambitieux ne vit malheureusement jamais le jour.

Il y eut avec ce projet d’édition la volonté d’imposer la force des images comme unique forme de récit ; la place accordée au texte du photographe faisait d’Images à la sauvette une œuvre particulièrement novatrice. Le format de la maquette de l’ouvrage était grand, 24 x 36 cm, ce qui permit de le déployer avec originalité. L’impression fut réalisée en héliogravure, par les meilleurs artisans de l’époque, les frères Draeger, et la couverture fut créée par Henri Matisse. Ce fut pour cette période un modèle du genre. Au printemps 1951, Henri Cartier-Bresson expliquait : « Si nos épreuves sont belles et parfaitement composées (et elles doivent l’être), ce ne sont pas pour autant des photos de salons… En somme, notre image finale, c’est celle imprimée ». Cette affirmation de Cartier-Bresson soulignait ainsi clairement qu’Images à la sauvette était un livre d’artiste.

L’exposition propose une sélection de tirages d’époque ainsi que des documents d’archives liés à cette aventure. Une récente réédition, en fac-similé, a été réalisée par les Éditions Steidl, accompagnée d’un livret avec l’essai de Clément Chéroux sur l’histoire de l’ouvrage.

 

LPA 10 Fév. 2017, n° 124e5, p.21

Référence : LPA 10 Fév. 2017, n° 124e5, p.21

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