Paris (75)

Jacobus Vrel : énigmatique précurseur de Vermeer

Publié le 31/08/2023

Jacobus Vrel, Femme saluant un enfant à la fenêtre ; Huile sur bois

Paris, Fondation Custodia, Collection Frits Lugt

En découvrant les tableaux de Jacobus Vrel, évocateurs de silence, d’intérieurs paisibles et de scènes intimistes, on remarque immédiatement une similitude avec l’œuvre de Johannes Vermeer. Peu connu, et cependant exposé dans les plus grands musées européens, cet artiste est souvent considéré comme le précurseur du peintre de Delft.

Hormis le fait qu’il fut actif au milieu du XVIIe siècle, sa vie demeure un mystère, peu connue du grand public et des historiens. Ayant été découvert par Frits Lugt, fondateur de l’institut Néerlandais devenu Fondation Custodia, l’artiste vit son œuvre « Femme saluant un enfant à la fenêtre » exposée au sein des locaux de l’institut. Malgré la grande sobriété du tableau, un détail surprend : la chaise sur laquelle est assise la femme tient en équilibre.

Nous ne connaissons que 49  peintures sur bois et un dessin de Jacobus Vrel. 22 des tableaux connus ornent les murs de l’exposition accompagnés d’autres œuvres de la même époque d’artistes divers et variés. Les compositions de cet artiste n’ont pas été facile à authentifier en raison de sa signature, souvent orthographiée différemment. Beaucoup de ses œuvres furent ainsi attribuées à tort à Vermeer.

L’ensemble des pièces offertes aux yeux du public révèle un univers temporel particulier auquel il est cependant possible de s’identifier. Criant silence et solitude, la plupart des scènes d’intérieur ne laissent voir qu’un personnage, présent dans un univers sombre, sans meubles ni décoration.

Même si Jacobus Vrel apprécie particulièrement les scènes d’intérieur, il a également dépeint certains extérieurs. Il est en réalité très probable que cet artiste soit l’un des premier à prendre pour thème des ruelles sombres, dénuées de passants. Utilisant une palette de bruns assez restreinte, l’artiste reprend parfaitement l’architecture des hautes maisons bordant les rues étroites, privées de lumière ; ses peintures invitent à tremper dans un univers tranquille, loin de l’agitation et de l’effervescence.

Malgré ses penchants pour les couleurs sombres, l’artiste reste tout de même ouvert à d’autres possibilités, tonalités. Comme en témoigne l’œuvre « Paysage avec deux hommes et une femme conversant », Vrel releva le ton, peignant un ciel bleu, une veste rouge et des touches de blanc.

L’exposition, réunissant autour de Vrel des artistes du Siècle d’Or, met en lumière leurs oeuvres de belles qualités, qui ne possèdent cependant pas son originalité. Quelques thèmes abordés par l’artiste ont été repris par d’autres, tel que « Femme à sa lecture » que Pieter Janssens évoque dans la pénombre d’un intérieur où figure meubles et tableaux, ou encore « Intérieur avec Saskia alitée » de Rembrandt, se calquant à l’univers de Vrel où dialoguent ombre et lumière.

Prévue par Ger Luijte, directeur de la fondation, et fascinant les historiens depuis plus d’un siècle, les œuvres exposées invitent le public à plonger dans l’univers de Jacobus Vrel, aussi attrayant que troublant par son calme contemplatif.

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