Jean-Jacques Henner portraitiste

Publié le 17/01/2025

Musée Jean-Jacques Henner

Le musée Jean-Jacques Henner est certainement plus connu du grand public que le peintre, dont cependant la création, en particulier ses nombreux portraits, possèdent un véritable intérêt. La présentation de nombreux dessins, études, préparatoires ou non à des peintures, permet de redécouvrir son talent de portraitiste.

Très tôt, Jean-Jacques Henner révèle ses dons pour traduire l’expression, la personnalité des modèles. À 16 ans il peint sa première œuvre ; il s’agit du menuisier de son village alsacien ; un témoignage de son talent précoce. Sa peinture reflète tout d’abord l’influence des Primitifs flamands, ainsi que celle d’Holbein, un maître pour lui. L’exposition permet de découvrir les œuvres graphiques les plus fragiles conservées dans les réserves. Dessins, croquis, études, photographies et objets personnels évoquent son parcours pictural, sa vie.

Créé en 1920 par Marie Henner, veuve du neveu du peintre, le musée, à l’intérieur cossu, est situé dans un hôtel particulier de la Plaine Monceau. Il présente l’œuvre de l’artiste ainsi que meubles et objets lui ayant appartenu.

Dans les années 1850, Henner réalise des portraits de sa famille. Refusé au Prix de Rome, ce qui l’affecte, il réalise des portraits de son entourage avec un vrai succès. Puis il quitte l’Alsace pour Paris en 1857 où il suit des cours à l’École des Beaux-Arts. S’il peint des portraits d’après nature, il se sert parfois de la photographie et de daguerréotypes. Deux ans plus tard il obtient le Premier Grand Prix de Rome et séjourne alors à la Villa Médicis. Il demeure cinq ans en Italie où il découvre la peinture de la Renaissance italienne qui va influencer sa création. Durant ces années, l’artiste reconnu pour son acuité à saisir chaque personnalité reçoit des commandes de portraits pour la classe romaine aisée.

Les esquisses, études, dessins au fusain, au crayon, à la plume auxquels s’ajoute parfois la craie, préparation pour un tableau ou œuvre à part entière, témoignent des dons d’observation de Jean-Jacques Henner. Il utilise parfois la peinture à l’huile pour ces études préparatoires ; on le découvre dans le portrait de l’astronome Jules Janssen pour lequel il effectue une première étude de face au fusain, très vivante, le visage apparaît auréolé de lumière et une autre à l’huile, de profil. Chez cet artiste chaque visage est délicatement modelé. Il est intéressant de comparer les études et les œuvres peintes, ainsi les portraits de Madame Paul Cosson et de Madame David Colaco-Osorio. Si l’étude, toute en lumière, naturelle esquisse les traits essentiels, insiste sur l’expression du regard, dans le portrait à l’huile le visage se détache, lumineux, d’un fond sombre. L’expression de la personnalité demeure toujours présente. À remarquer encore le portrait de la petite Valentine About vue de face, dans le dessin préparatoire et de profil en peinture dans lequel le peintre a parfaitement saisi la fraîcheur de l’enfance.

Cette galerie de portraits fait revivre une époque et affirme le talent évident de portraitiste de Jean-Jacques Henner. Parfois il sacrifie au détail, ainsi Suzanne Hoschedé, charmante petite fille dont l’artiste détaille au fusain les vêtements. Henner donne vie à tous ces personnages très différents dans leur vérité avec un talent incontestable. ; il se révèle un excellent dessinateur.

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