Joséphine Baker, la perle noire

Publié le 12/11/2021

De Jean-Isy de Botton, ce portrait de Joséphine Baker est estimé 100/150 000 €.

Ader

La « perle noire » va entrer dans quelques jours, le 19 novembre prochain, au Panthéon et rejoindre « les grands Hommes de la Nation ». Joséphine Baker (1906-1975) a eu deux amours, comme elle le chantait, et c’est finalement le second qui lui rend grâce et la célèbre. Son image est entrée dans notre inconscient collectif. Depuis ses premiers portraits saisis en 1926, aux Folies Bergères lors de la Revue nègre, jusqu’à celui réalisé en 1948 par le studio Harcourt, la représentant en uniforme de lieutenant d’aviation, nombreux furent les artistes qui la prirent comme modèle. Nous songeons notamment à l’affichiste Paul Colin, qui réalisa une série de lithographies. L’album in-folio qui en a résulté, titré : Le Tumulte noir, a été tiré à 520 exemplaires. Il est composé de 43 lithographies réparties en 22 feuillets. Il comprend en outre 2 calligrammes, dont un autographié sur feuillet séparé de vélin grège, et le fac-similé d’un texte humoristique de Joséphine Baker sur feuillet séparé de vélin mince. Un des 500 sur papier vélin teinté des Papeteries Aussedat, provenant de la collection Crépineau, enrichi d’une carte de vœux pour 1958, comprenant au recto une composition de Paul Colin reproduite en noir, et au verso ces vœux autographes de l’artiste : « Meilleurs vœux en attendant la joie de vous revoir. Paul Colin. – oui, merci encore pour l’article », a été adjugé 20 600 €, par la maison Ader, le 7 octobre dernier.

La même maison mettra aux enchères, le 19 novembre prochain, un portrait de Joséphine Baker, peint en 1931, par Jean-Isy de Botton (1898-1978), avec une estimation de 100/150 000 €. La chanteuse apparaît nue et en pied, chaussée d’escarpins, sur scène, maintenant un bouquet de fleurs sous son épaule droite et dominant les musiciens de son orchestre. « Pour aller faire le portrait de Joséphine Baker, il fallait avoir ses entrées », expliquent les commissaires-priseurs. « [Elle] était déjà une personnalité très importante du mode des arts ». Jean-Isy de Botton connaissait, à l’époque une certaine renommée et exposait dans plusieurs salons. Insatisfait, il devait en 1933, détruire par le feu 352 toiles, soit la totalité de son œuvre. Le portrait de Joséphine heureusement échappe aux flammes car la rencontre avec la danseuse lui ouvrit de nouveaux horizons et lui permit de repartir à zéro. Libéré de ses influences intérieures, il entama une nouvelle carrière qui augmenta encore ses succès. « C’est un peu un événement d’avoir un portrait de Joséphine Baker en pied inédit », disent les commissaires-priseurs. Deux dessins du même peintre Botton, représentant toujours la chanteuse dansant dans se tenue dévêtue du temps de Folies, viennent d’être acquis par le musée Franco-Américain. La « perle noire » comme on surnommait Joséphine, fut à la fois le fer de lance de la libéralisation des femmes, le porte-parole des noirs opprimés et la représentante de ceux qui ont choisi la France, le pays qui lui a tout donné.

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