Jouer au volant dans le style Shin Hanga

Publié le 07/10/2024

Les artistes japonais ont réussi à laisser croire que leurs estampes n’avaient nul besoin d’adjectif. On dit « estampe » et l’on pense « estampe japonaise ». C’est naturellement une vue de l’esprit. De la même manière, Katsushika Hokusai (1760-1849), dont la série de 31 vues sur le Mont Fuji, effacerait presque tous ses confrères artistes. C’est encore une vue de l’esprit. Nous pourrions ainsi poursuivre la découverte de cet art nippon spécifique, les mouvements se suivent en effet jusqu’aux mangas. Ces derniers dont le succès n’est plus à démonter, sont les « descendants » de l’iconographie du Fudô qui a couru à travers les siècles jusqu’à nos jours, dans la vie quotidienne et dans l’illustration contemporaine.

Dans l’art pictural japonais du XXsiècle, on connaît moins le shin hanga qui désigne les « nouvelles estampes ». Celles-là se distinguent des gravures traditionnelles sur bols par leur langage visuel. Les femmes, autrefois idéalisées et stylisées, sont désormais dessinées à partir de modèles réels dont on devine les émotions. Nous en avons un exemple avec la figure de Maiko jouant au volant (25 x 19 cm) réalisée vers 1950 par Hasegawa Sadanobu III (1881-1963) qui a été adjugée 100 €, à Drouot, le 4 avril 2024 par la maison Art Valorem, assistée par Véronique Prévot. Ici, les parties ornées de broderies sont gaufrées. Dans cette manière moderne, les paysages sont impressionnistes plus que réalistes. Ce qui est un juste retour des choses ; nous nous souvenons que les peintres impressionnistes et autres artistes français de la fin du XIXe siècle tels Gauguin, Van Gogh, Claude Monet ou Toulouse Lautrec s’inspiraient de la manière japonaise et possédaient des collections importantes d’estampes. Il suffit de contempler deux estampes shin-hanga, Lever de soleil d’une part. Takahashi, et Le pont Makurabashi sous la pluie (36,3 x 15,3 cm) par Uehara Konen (1877-1940), qui ont obtenu 500 €, le même jour chez la même maison de vente. Ces fascinantes « nouvelles estampes » témoignent aussi d’une perfection technique exceptionnelle, résultat de la collaboration entre des artistes tels Goyo, Kotondo, Shinsui et Hasui, des éditeurs, des graveurs et des imprimeurs » précise Chris Uhlenbeck, auteur d’une étude sur le Shin hanga. Les estampes modernes du Japon. 1900-1960, venant de paraître aux éditions Hazan.

La sélection d’estampes présentée dans cet ouvrage est issue de deux grandes collections privées, est enrichie d’œuvres provenant des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et d’emprunts à la collection de la famille de l’éditeur Watanabe Shozaburo, l’homme par qui tout commença. Il n’est pas étonnant de suivre plusieurs ventes d’estampes Shin hanga en Belgique. L’une d’elles, de Koson Ohara (1877-1945), Moineau sur une fleur d’hydrangea (34.4 x 18.6 cm) datée de 1910, a été adjugée 280 €, à Zaventem, le 7 avril 2024 par Stanley’s Auction.

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