Kingsman 2 : concurrent redoutable de James Bond
DR
Britain vs America
Jamais sans doute avant ce Kingsman 2 Le Cercle d’or, la franchise et la saga James Bond n’avaient pris un aussi violent coup de vieux ! Certes James avait réussi, avec Pierce Brosnan puis surtout avec Daniel Craig à revenir au sommet moyennant des virages risqués. La production Broccoli a fait le pari de la trame psychologique au détriment de l’action pure et des gadgets qui avaient fait la célébrité de 007 (Q, a disparu avec le délicieux Desmond Llewely depuis longtemps). Kingsman (soit Marv films et Cloudy Productions) a compris qu’il y avait un coup à jouer et fait le pari inverse en revenant via des effets spéciaux originaux et parfaitement maitrisés, au rythme, à l’action, aux gadgets justement, à l’humour et la légèreté so british. Là où Bond s’est américanisé, erreur définitivement fatale, là où le remarquable Des agents très spéciaux (le film de Guy Ritchie) a repris l’esprit british (à quand le prochain ?), la saga Kingsman a revendiqué dès le premier opus son jus britannique. Et cela nous met en joie ! Grâce en soit aussi rendue à Colin Firth, héritier d’un certain John Steed, impeccable en costume trois pièces et parapluie. Amusant que le scénario du Kingsman 2 mette précisément en présence l’équipe anglaise et une équipe américaine, celle du Statesman… On n’en dira pas plus.
Distribution épatante
La star, c’est ici Juliane Moore, magnifique dans le rôle de l’épouvantable Poppy Adams qui, détenant le monopole de la drogue sur la planète, a trouvé l’idée horrible pour obliger la légalisation de toutes les substances. L’équipe du Kingsman est évidemment impeccable : Taron Egerton est efficace, tantôt teenager, tantôt agent secret cravate et pochette. On l’a dit, Colin Firth, par sa présence, son jeu et son charisme est toujours au dessus du lot. Le duo générationnel permet ainsi, astucieuse idée, de brasser un public large qui peut se reconnaitre dans les deux. Un autre acteur qu’il faut mentionner c’est Mark Strong dans le rôle de Merlin. Bond, on s’en souvient, s’était offert la reine d’Angleterre, Kingsman 2 se paie la présence — à ne pas rater ! — de Sir Elton John dans son propre rôle mais en plus shooté ! Surtout, ne pas oublier Halle Berry qui est d’un jeu efficace et d’une grande allure, mais cela, tout le monde le sait depuis longtemps !
Cascades et effets spéciaux
La scène d’ouverture rythmée par un single de Prince est folle et cela ne va plus arrêter jusqu’à la fin. La production a également compris que plus c’est gros et improbable (voir la scène du téléphérique) et plus ça marche, ce à quoi a renoncé James Bond au profit du réalisme noir.
Humour à l’anglaise
À l’instar de l’agent désormais mythique Austin Powers, Kingsman 2 n’hésite pas à donner parfois dans la réplique scatologique (même les plus rétifs à ce genre seront on le parie obligés de sourire, tant elles viennent à point). Mais l’essentiel n’est pas là. L’humour est dans les décalages, et aussi si on y fait attention dans les noms mêmes des personnages. Puisque l’intrigue tourne autour de la drogue et de l’alcool on y croise Ginger Ale, Tequila, Champagne, Whiskey mais aussi Lancelot, Arthur, Merlin ! La table ronde revue et revisitée par les scénaristes et le réalisateur dont il est temps de dire le vrai talent ! Il s’appelle Matthew Vaughn. Il est aussi le fondateur de Marv films. Ce qui est quand même délicieux si l’on se souvient de deux choses extraordinaires : premièrement, c’est lui qui mit en 2004 sur orbite cinématographique un certain Daniel Craig futur agent 007. Ensuite, dans le registre des agents secrets anglais il y eut un jour un certain Napoléon Solo, agent de l’UNCLE, joué dans la série TV Agents très spéciaux par le grandissime Robert… Vaughn ! Décidément jouissif jusqu’au bout. Et comme on est aussi « bondien » on attend avec impatience le prochain 007 pour vérifier s’il arrive à relever le défi de la modernité que lui lance Kingsman.