La charmante collection des romans grecs

Publié le 31/08/2022

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Jean-Baptiste Tenant de Latour (1779-1862) est qualifié, dans les dictionnaires, de bibliographe français. En 1846, il fut nommé bibliothécaire du roi Louis-Philippe Ier, au palais de Compiègne. Une charge qui était justifiée. La somme de ses connaissances a été réunie dans ses Mémoires d’un bibliophile, ouvrage paru en 1861. Ce livre se présente sous forme de lettres à une femme bibliophile (« la comtesse de Ranc… » [Le Masson de Rancé]), et se compose de nombreuses réflexions sur la bibliophilie, les écrivains et le monde des Lettres. Nous reprenons cet été la publication de la Lettre XI consacrée au « Cabinet de M. Turgot ». BGF

« Mais j’ai une véritable, une véritablement belle traduction en vers d’Anacréon par M. Veissier-Descombes, très-bel in-8º avec un envoi du savant traducteur. J’ai celle de M. de Saint-Victor qui jouit aussi d’un juste renom. Les Idylles de Théocrite, traduction en prose de feu Geoffroy ; les traductions d’Eschyle, par M. Pierron ; d’Euripide, de Sophocle, d’Aristophane, par M. Artaud, l’Histoire d’Hérodote, traduite par Larcher ; Thucydide, traduit par Leveque ; les Vies de Diogène Laërce, traduction de Chauffepié ; les Dialogues et les Petits traités de Lucien, traduits par Belin de Ballu ; la République de Platon, traduction de Grou, enfin les Moralistes anciens : toutes belles et bonnes publications de M. Charpentier. Vous le savez, Madame, je n’ai pas écrit sur le fronton de ma bibliothèque : luxe et rareté, mais bibliographie sérieuse, amour du beau, surtout du bon, fussent-ils à bon marché.

J’ai la Retraite des dix mille de Xénophon, traduction de Perrot d’Ablancourt, Dieu sait ! La Cyropédie, traduite par Charpentier, qui ne vaut guère mieux ; mais du moins celle-ci est un petit in-folio rendu précieux par un autre nom : il porte signé sur le titre le grand nom de La Rochefoucauld.

J’ai le Manuel d’Épictète avec les Commentaires de Simplicius, traduction de Dacier. Mon exemplaire, très-beau en tout, est couvert de corrections et de passages entièrement traduits par le savant helléniste de Bure Saint-Fauxbin sous le toit duquel j’ai passé plusieurs années.

Vous vous souvenez, Madame, que j’ai traité la traduction du Daphnis et Chloé comme un original, mais je possède également Théagènes et Chariclée d’Héliodore, traduit par Fontaine, belle édition de Coustelier (1743) ; Chéréas et Callirrhoé avec des remarques du savant Larcher.

Enfin, j’ai tout ce qui a paru (12 vol. sur 15) de la charmante collection des romans grecs commencée par feu Merlin et que la mort de cet honnête libraire n’aurait fait que suspendre momentanément, si son savant et digne fils n’eût rencontré de ces obstacles que l’habileté, le courage et le plus véritable mérite ne suffisent pas toujours à lever ». (À suivre)

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