La Corse convoitée
Cet ouvrage qui rapporte la première expédition française en Corse, en 1553, a été adjugé 400 €
Delon-Hoebanx
Chacun le sait, la Corse a été acquise par le royaume de France auprès de la République de Gênes, en 1769. On rapporte que la République était trop heureuse de se débarrasser d’une île en permanence insoumise. En réalité, elle ne parvenait pas à juguler la guerre d’indépendance de l’île menée de 1729 à 1743 qui a engendré, quelques années plus tard, la fondation de la République corse de 1755 à 1769. De son côté, la France cherchait à acquérir cette île en raison de sa position stratégique en Méditerranée. Les Anglais et les Espagnols guignaient également sur l’île depuis le XVIe siècle. Nous pourrions dire qu’au jeu des influences, la France finit par l’emporter après bien des tribulations.
Cela débuta en 1553, lorsque les troupes françaises conduites par le maréchal Paul de Thermes, aidés par les exilés corses menés par Sampiero Corso et Giordano Orsini, appuyés par la flotte Ottomane de Soliman le Magnifique, s’emparèrent de l’île aux dépens des Gênois. À l’époque, sa position stratégique bénéficiait aux communications entre l’Espagne et l’Italie. Henri II, roi de France, était en guerre avec l’empereur Charles Quint qui régnait sur une partie de l’Europe. Cette expédition a été racontée par Michele Merello dans son ouvrage : Della guerra fatta da’ francesi, e de tumulti suscitati poi da Sampiero dalla Bastelica nella Corsica. Libri otto di… Con una breve dichiarazione dell’instituzione della Compera di S. Giorgio, e de’Principali della Corsica (Genova, Giuseppe Pavoni, 1607), dont un exemplaire relié en plein vélin souple d’époque, a été adjugé 400 € à Drouot, le 25 octobre 2023 par la maison Delon-Hoebanx, assistée par Gaëlle Cambon.
Les Français ne demeurèrent guère longtemps sur l’île après cette conquête, à peine six ans. La Corse resta néanmoins un objet de convoitise de la part des grandes puissances européennes de l’époque. Les Corses eux-mêmes cherchaient à gagner leur indépendance. Ils y parvinrent deux fois au XVIIIe siècle mais d’une manière éphémère. Avec d’abord, comme nous le soulignions plus haut, le royaume de Corse en 1736. Pour en savoir plus, on peut lire de Louis-Armand Jaussin les Mémoires historiques, militaires et politiques, sur les principaux evenemens arrivés dans l’Isle et Royaume de Corse, depuis le commencement de l’année 1738 jusques à la fin de l’année 1741 […] le tout enrichi d’une Carte nouvelle de l’Isle de Corse (Lausanne, Marc-Michel Bousquet, 1758-1759), dont un exemplaire relié en basane brune a été vendu 380 € au cours de la même vacation.
À partir de 1755, la France négocia néanmoins deux traités à Compiègne avec Gênes, en 1756 et 1764, et reprit pied sur l’île dans les places fortifiées pour la première fois depuis 1559. Le 9 mai 1769, la bataille de Ponte-Novo mit fin à l’indépendance de la Corse, qui devint un Pays d’états. La réunion de la Corse à la France fut actée au début de la Révolution française, le 30 novembre 1789. Entre-temps, un certain Napoléon Bonaparte voyait le jour le 15 août 1769 à Ajaccio.
Delon-Hoebanx, 10 bis Rue Descombes, 75017 Paris
Référence : AJU011m9