La côte roannaise : une terre et des domaines
Restaurant Côte à Côte.
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En pays roannais, visite des villages de caractère et de terroir, qui s’égrènent le long des méandres de la Loire. Coups de cœur pour Le Crozet, Saint-Jean-Saint-Maurice, Saint-Haon-le-Châtel, Ambierle, et deux bons restaurants : la maison Bouquet à Roanne et Côte à Côte.
Le Crozet
Comme Mario Meunier, l’éminent helléniste qui y vécut, on peut dire que « l’esprit y goûte une paix souveraine » et qu’il s’y « imprègne de calme, de silence et d’espace »…
Choisissez votre chambre d’hôtes à la maison Dauphin : c’est une des plus belles demeures du village, et le propriétaire, membre actif de l’association des « Amis du vieux Crozet », vous donnera toutes les indications pour visiter au mieux la commune.
Nous sommes ici dans une cité à cheval entre le Forez et le Bourbonnais, influencée par la proche Bourgogne et marquée par son rattachement à la couronne de France en 1527.
Promenez-vous dans les ruelles pavées, les restaurations réussies : voir la maison en bois du Connétable où siège la mairie, la tour à bec et sa courette au puits à la margelle monolithique, les échoppes et les fenêtres à meneaux de la halle de la Cordouannerie…
Revenant vers Roanne, nous vous conseillons un repas à la maison Bouquet, située sur la place centrale. À l’intérieur, un ancien hôtel particulier à la peinture bleu canard, grise ou noire, et des tableaux très colorés de plumes de paon. À 32 € pour 3 plats, nous avons opté pour un tataki de bœuf mariné au sésame, carotte laquée au caramel et algues wakamé ; une volaille cuite à basse température et son sauté de girolles sauce au vin jaune, et une religieuse pêche verveine chantilly au citron vert.
Parfaite cuisson, réalisation et esthétisme pour ce menu « Coq », concocté par Julien Gourmelen.
Saint-Jean-Saint-Maurice et les métiers d’art
Sur la voie jacquaire « Cluny – Le Puy en Velay », cette commune jouit d’une position majeure sur la Loire. Le fleuve coule lentement à ses pieds, dévoilant à peine le lac de Villerest. Au milieu d’une végétation variée, la maison Chadkine a été rebâtie plus en hauteur suite à une destruction liée aux travaux du barrage de Villerest pour dompter le fleuve sauvage.
Grimpez dans les ruelles fleuries : l’énorme donjon médiéval et les restants de murailles du château sont un indicateur facile du chemin pour atteindre l’église Saint-Jean-Saint-Maurice. Y entrer est une pure merveille car vous verrez, en son chœur, de belles et fort bien restaurées fresques du XIIIe siècle. Une fresque de Saint-Jacques et de ses attributs (XIIIe siècle), est un témoignage concret du passage de pèlerins sur ce chemin vers Compostelle…
Si le village est bien vivant, c’est grâce à La Cure, pôle touristique et culturel qui accueille depuis 2009 des artistes et accompagne leurs métiers d’art pendant 5 ans, afin de les aider à ce que leur passion devienne une activité pérenne.
Pour vous restaurer une charmante terrasse au pied du donjon, le Côte à Côte, ne paye pas de mine ; et pourtant, sa cuisine française traditionnelle y est simple mais de bon aloi et à un prix plus que raisonnable (environ 25 €). Démarrez avec l’œuf cocotte aux miettes de jambon de pays, accompagné d’une salade de saison, poursuivez avec le jarret de porc aux senteurs d’Asie et sa purée carottes-cumin, brisures de cacahuètes, finissez avec une spécialité maison : le tiramisu aux spéculoos.
Saint-Haon-le-Châtel et la richesse diversifiée de son patrimoine
La commune forme elle-même le castrum. Des fortifications construites de 1360 à 1370 subsistent encore : 6 tours rondes sur les 18 primitives. En effet, cette châtellenie du Forez avait pour mission de défendre Montbrison contre les velléités territoriales des proches Auvergne, Beaujolais et Bourgogne.
Si aujourd’hui coexistent à peine 650 personnes, au Moyen-Âge, le lieu était important avec plus de 2 000 habitants.
Prenez le temps de déambuler dans les ruelles singulières et uniques, qui tournent en escargot sur ce promontoire…
À voir une très belle porte de ville médiévale et ses vantaux en chêne hérissés de clous en pointe de diamant, dont la porte dite de l’horloge possède une ouverture très basse.
Passez devant l’élégante maison du cadran solaire (XVIe siècle) et ses fenêtres à meneaux, qui utilise du calcaire jaune de la région de Charlieu. On dit que cet hôtel particulier aurait reçu le roi François Ier en 1534, lors de sa venue pour réunir le duché du Bourbonnais à la couronne de France.
Reprise par une étude notariale, l’hôtel Jehan Pelletier (XVe siècle) était la demeure d’un bourgeois parvenu devenu prévôt, juge du Forez, chancelier du Bourbonnais et baron de Beaucresson. Sa devise inscrite au tympan de la porte semble révéler le secret de son existence : « Soyez prudents comme les serpents, soyez droits comme les colombes ».
Ruelle dans Saint-Jean-Saint-Maurice.
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Ambierle, village spirituel
Vous ne pouvez pas la rater : sur la route entre les vignobles (200 hectares environ de Gamay pour l’AOC Côte Roannaise), un piton rocheux domine, sur lequel s’élève une abbaye bénédictine construite au haut Moyen-Âge.
La petite commune est disposée tout autour de l’ancien prieuré reconstruit entre 1753 et 1757, l’abbaye ayant été absorbée par l’ordre clunisien au Xe siècle.
Restaurée, la toiture vernissée de l’église témoigne de l’influence nettement bourguignonne des lieux et le jaune de certaines tuiles se reflètent dans les arcs gothiques taillés dans du calcaire ambré. Dans cette église Saint-Martin, ne pas oublier d’aller admirer le magnifique retable de la Passion, un chef-d’œuvre flamand de 1466.
Si vous cherchez un lieu pour dormir, la demeure Bouquet propose 5 chambres dans la vaste bâtisse XVIIe et XVIIIe siècle de la rue montante, au cœur d’Ambierle. Escalier en pierre, sols patinés et parquets, jardin en terrasses et buis signent cette maison familiale.
Rayol
Le Domaine du Rayol est une invitation au voyage à travers divers jardins méditerranéens et exotiques en un concept de « jardin planétaire ».
Sur 20 hectares, 7 sont aménagés en jardins paysagers qui vous transportent des cactées de l’aride Amérique aux cistes méditerranéens, en passant par les bambous d’Asie subtropicale et les aloès arborescents d’Afrique du Sud.
Résidence d’été d’une famille jusqu’en 1974, la propriété manque d’être démolie et convertie en lotissement immobilier jusqu’à ce que le conservatoire du littoral décide, en la rachetant en 1989, de préserver les richesses des végétaux de ce paradis exotique.
Abandonné pendant 15 ans, le site est réhabilité et l’aménagement des jardins est confié au paysagiste Gilles Clément.
En évoquant les flores et les paysages associés à diverses régions du monde, lesquelles ont un climat méditerranéen, Gilles Clément crée un jardin planétaire avec la permanente perspective de la mer, pour que l’œil s’évade toujours plus loin au-delà des continents.
Restaurant Maison Bouquet.
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