La Dangereuse
« La catastrophe a commencé quand je suis sortie du ventre de ma mère », raconte Loubna Abidar sous la plume de Marion van Renterghem à qui l’on doit déjà le remarquable FOG, Don Juan du pouvoir. Loubna Abidar est La Dangereuse.
Loubna Abidar ? Rappelez-vous. Actrice, elle a pris le risque (après avoir dans un premier temps décliné le rôle) de jouer Noha dans le sulfureux film Much Loved de Nabil Ayouch. Après avoir reçu les honneurs des festivals cinématographiques et des cérémonies, elle s’est faite tabasser en arrivant à la gare de Casablanca. Le film et elle ont déclenché au Maroc une polémique féroce. Elle raconte ce qui, selon elle, explique cette violence. Elle n’épargne personne et ne s’épargne pas. Lucide, tantôt forte tantôt fragile, Loubna Abidar ne cache rien. C’est la force du livre et aussi le talent d’écriture de Marion Van Renterghem.
Le livre est passionnant et va au-delà du simple exercice biographique, par son ton et son style, par l’histoire de Loubna, par l’étude de la culture et des mœurs marocaines, par l’évocation du monde du cinéma aussi, celui des films égyptiens par exemple. C’est aussi une introspection sur une carrière d’actrice : comment choisit-on ses rôles, quels en sont les risques et les enjeux, comment les décroche-t-on et à quel prix ? Et quelle leçon de vie a donc tiré Loubna de la violence suscitée par le rôle certes incandescent de Noha ?
La Dangereuse l’a donc d’abord été pour elle. Elle dit être réparée. Et vouloir poursuivre ce qu’elle estime être désormais un combat, celui des femmes dans un monde d’hommes.