La demeure du chien

Publié le 27/03/2023

Cette niche en acajou mouluré en forme de maison, datée du XIXe siècle, a été adjugée 2 048 €

Beaussant Lefèvre

Dans leur sagesse, les académiciens ont mis en avant l’origine du mot « niche » qui désigne, comme chacun le sait, une « cavité que l’on ménage dans l’épaisseur d’un mur pour y loger une statue, un buste, ou tout autre objet destiné à l’ornement ». La « niche » est apparue dans notre langue au XIVsiècle et est un déverbal de « nicher », ou emprunté de l’italien nicchia, du même sens. À la suite des différentes applications du mot niche – religieuse, financière – le Dictionnaire de l’Académie française ajoute dès sa première édition : « Petite construction servant d’abri à un chien de garde » et donne exemple à cette interjection : « À la niche ! ».

Quel chien pourrait penser que son habitat puisse être considéré comme une œuvre d’art ? Nul ne s’étonne que l’affection immodérée que les humains développent vis-à-vis de leur meilleur ami entraîne des démesures matérielles. Ainsi une niche en acajou mouluré en forme de maison, datée du XIXsiècle a été adjugée 2 048 €, à Drouot, le vendredi 24 février 2023 par la maison Beaussant Lefèvre, assistée par Jacques Bacot et Hugues de Lencquesaing.

Cette niche-là est sobre et élégante et ne présage pas des modèles contemporains que l’on peut voir chez les fabricants de niches pour chien. Ce sont parfois de véritables maisons, voire villas miniatures avec terrasse et fenêtre, et encore des roulottes. Récemment, le 13 décembre 2022, la maison AuctionArt Rémy Le Fur & Associés proposait une niche à chien en tissu vert (51 x 56 x 38 cm) avec une estimation de 40/60 €. Ce petit meuble fait songer à un lit clos. Si élégant soit-il, aucun canidé n’a levé la patte pour surenchérir. Un mois plus tôt, le 28 novembre 2022, une niche à chien en noyer mouluré, les montants galbés et les pieds en volute, dans le style Louis XV, estimée 100/200 € par la maison Pescheteau-Badin, est restée elle aussi sans preneur.

Il manquait à notre recension une niche royale. On le sait peu, mais les chiens (du moins ceux issus de certaines races) ont été l’objet de cadeaux diplomatiques, notamment les Cavalier King Charles, les chiens préférés de la cour royale anglaise ainsi nommés en référence au roi Charles II qui les appréciait particulièrement. S’ils apparaissent dans les portraits des princes, il est rare de les voir dans leurs niches. À l’exception du « Portrait d’un King Charles, parfois dit Pompon, chien de Marie-Antoinette » par Jacques-Barthélemy Delamarre (actif au XVIIIe siècle), qui a été adjugé 4 800 € à Blois, le 8 novembre 2020 par la maison Pousse-Cornet-Valoir. Cet artiste a réalisé plusieurs portraits de ce petit chien. Il est toujours représenté de la même manière dans des décors différents. Sur ce tableau, il est assis sur un coussin de velours rouge agrémenté d’une riche passementerie au fil d’or bordée de 4 pompons aux angles. En arrière-plan on distingue sa niche-tabouret.

Beaussant Lefèvre, 32 rue Drouot, 75009 Paris

AuctionArt Rémy Le Fur & Associés, 9 rue de Duras, 75008 Paris

Pousse-Cornet-Valoir, 32 avenue du Maréchal Maunoury, 41000 Blois

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