La mèche de Madame Royale
Cette bague contenant une mèche de cheveux de la duchesse d’Angoulême a été adjugée 6 035 €
Osenat
Combien de mères ont conservé une mèche de cheveux de leur enfant ? Il n’est pas rare de retrouver cette précieuse relique dans un papier de soie. Quelques-uns l’enferment dans un médaillon et cela devient un trésor. Trésor encre plus considéré lorsque les mèches proviennent d’un personnage historique. On dit d’ailleurs que le nombre de mèches conservées provenant de la tête de l’empereur Napoléon est si important que l’on pourrait fabriquer avec elles une perruque. Ce qui serait un comble pour celui que l’on surnommait le « Petit tondu » !
Certaines de ces reliques sont émouvantes et l’on peut comprendre qu’elles représentent autant une valeur sentimentale que financière. Une bague en or jaune (18k), contenant dans un chaton ovale une mèche de cheveux de la duchesse d’Angoulême, sous verre cerclé sur émail, avec cette mention : « Précieuse relique / cheveux de Madame / fille du Roi », a été adjugée 6 035 €, à Versailles, le 17 novembre 2024 par la maison Osenat, Jean-Christophe Chataignie étant au marteau, assisté par les experts Jean-Claude Dey et Arnaud de Gouvion Saint-Cyr, lors de la dispersion de la collection Jean-Louis Noisiez. Cet anneau est orné d’une couronne royale et de deux fleurs de lys sur émail. Il a été gravé à l’intérieur : « Succession Cléry / Hôtel des ventes de Rouen / 10 mars 1896 ». La monture date de la fin du XIXe siècle. Cette mèche avait été remise par Marie-Antoinette à Clèry le 27 janvier 1793.
Cette bague provient de la succession de Louise Thérèse Françoise Cléry de Gaillard, épouse Le Besnier, petite fille de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry (1759-1809). Ce dernier, d’abord valet de chambre du duc de Normandie, suivit le roi Louis XVI au Temple (1792-1793), et demeura avec lui jusqu’au jour fatal. Il émigra en Autriche à la suite de Madame Royale, à Itzing où il mourut. Il a laissé un journal de ce qui s’est passé à la Tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, avec les détails de sa mort, qui ont été ignorés jusqu’à ce jour (Londres, Baylis, 1800). Un exemplaire en cartonnage bleu de l’époque, bien complet de ses trois planches, a été vendu 220 €, à Drouot, le 30 novembre 2022, par la maison Magnin Wedry, assistée par l’expert Christian Galantaris.
Marie-Thérèse de France, Madame Royale, ou encore la duchesse d’Angoulême, a fait l’objet d’une véritable dévotion. N’a-t-elle pas été la seule rescapée du couple royal ? Une autre « Relique faite d’une mèche de cheveux châtains de la duchesse d’Angoulême, conservée avec un fragment de papier imprimé des mots « Maison de Son Altesse Royale Madame la Dauphine », a été vendue 430 €, à Drouot, le 15 décembre 2022, par la maison Gros & Delettrez, assistée par l’expert Mathilde Lalin-Leprevost.
Référence : AJU016f9
