La méditation d’Osbert

Publié le 08/10/2021

Méditation, Alphonse Osbert.

Galerie Alexis Bordes

Au crépuscule, adossée à un tronc d’arbre, une femme contemple la mer encore bleutée jusqu’à l’horizon orangé. Les couleurs chaudes sont-elles celles du Midi, les rares branches visibles sont-elles celles d’un épineux ? À moins que nous soyons en Bretagne dans le Morbihan ou encore sur la côte Normande par l’une de ces soirées privilégiées en été. Quant à la silhouette féminine, elle laisse deviner une beauté dont on ne connaîtra jamais les traits. Cette huile sur toile, titrée Méditation (24,6 x 41,2 cm), peinte par Alphonse Osbert (1857-1939), est présentée par la galerie Alexis Bordes et affichée 35 000 €. Cet artiste parisien, dont les origines sont argentines et italiennes, développa progressivement sa propre conception poétique du paysage, comme moyen d’exprimer la douceur de la nature et le repos des âmes. « Sensible au silence, il immerge son travail d’un effet mystérieux, dont les ciels, calmes et apaisants évoquent, à travers l’image d’un moment suspendu, une certaine nostalgie », explique le galeriste. Ses traits sont précis et épurés et ses figures surgissent délicatement des couleurs à peine prononcées. Parmi les nombreux envois qu’il fit au Salon des Artistes Français, on relevait en 1919 Le calme du soir et en 1922, Solitude, le coucher du soleil.

Cette œuvre s’inscrit dans les premiers essais proprement symbolistes du peintre. À cette époque, il utilisait les effets de lumière comme moyen de retranscrire un sentiment ou une émotion. Si ses compositions sont, pour la plupart, égayées de silhouettes féminines quelque peu évanescentes, elles s’appuient sur un certain culte de la nature. Il suivait le courant de ces artistes qui cherchaient à rétablir l’harmonie entre l’Homme et la Nature, de réconcilier leurs semblables avec le spirituel et de concourir à la construction d’une société moderne qui ne soit pas uniquement fondée sur les progrès scientifiques, techniques et économiques. Ce n’était pas réellement ce que lui avait enseigné son maître aux Beaux-Arts de Paris, Henri Lehmann (1814-1882). C’est au cours d’un voyage en Espagne qu’il découvrit véritablement la lumière qu’il allia donc à la spiritualité. Son esthétique se rapprocha de celle prônée par Joséphin Peladan, ce qui l’amena à participer au Salon de la Rose-Croix. On l’a un peu oublié, mais Osbert fut largement reconnu de son vivant. Il exposa partout en France et à l’étranger comme à Boston, Saint-Pétersbourg, Tokyo, Madrid, Liverpool, Bruxelles, Milan ainsi que Riga en Lettonie. Il reçut des commandes importantes de l’État. Il a décoré le hall de l’établissement thermal de Vichy (1902-1904) et la salle des séances de la mairie de Bourg-la-Reine (1911-1913). Il a côtoyé les plus éminents peintres de la fin du siècle, les symbolistes dont Pierre Puvis de Chavannes, Maurice Denis ou encore Émile Bernard. Le musée d’Orsay conserve 414 de ses toiles et esquisses et trois pastels. Son fonds d’atelier mis en vente à Rennes, le 3 juin 2019, a permis de découvrir encore une soixantaine de ses toiles et de dessins.

Galerie Alexis Bordes, 4 rue de la Paix, 75002 Paris.

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