La Pente de la rêverie

Publié le 21/03/2017

« La Pente de la rêverie » n’est pas le premier poème que Victor Hugo écrivit sur ce thème. « Rêverie », dans Les Orientales, propose une même thématique : celle d’un homme à sa fenêtre qui se laisse aller à sa rêverie. Les visions que Victor Hugo nous donne dans « La Pente de la rêverie », qu’il écrivit un an et demi plus tard, donnent d’autres images d’une caractéristique particulière : un horizon spatial qui s’élargit jusqu’aux confins de la Terre. Le poète nous fait traverser d’immenses cités antiques, nous fait immerger dans des foules où se mêlent vivants et morts, nous fait pénétrer dans toutes les dimensions de l’univers. Nous parcourons ainsi des paysages très différents, nous traversons des nuits. C’est un monde de gouffres, d’escarpements, d’ombre et d’effroi. Les images qui apparaissent dans ce poème, pour la première fois sous sa plume, deviendront, trente ans plus tard, le monde familier et monstrueux des grands recueils que sont Les Contemplations et La Légende des siècles.

C’est une poésie visionnaire et lyrique qui peut encore nous toucher, nous parler, pour peu que nous soyons imaginatifs et prêts à dialoguer avec elle. Pour peu que nous soyons prêts à voyager dans son univers qui ressemble aux œuvres picturales du Piranèse, de John Martin, de François de Nomé et celles de Victor Hugo lui-même.

Pour cette exposition, le commissaire, Vincent Gille, s’est demandé si ce poème serait encore à même de nous parler aujourd’hui. C’est pourquoi il l’a soumis à deux artistes contemporains : Anne Slacik, peintre, et Jean-Christophe Ballot, photographe. Inspirés par le poème, ils nous proposent leurs travaux : Anne Slacik a réalisé cinq toiles, et elle présente également une œuvre plus ancienne, Prometeo, qui évoque l’eau et la Seine, et cinq exemplaires qu’elle a créés spécialement : un livre peint et calligraphié sur « La Pente de la rêverie ». Jean-Christophe Ballot, quant à lui, a conçu une installation, en prenant littéralement au mot, strophe après strophe, et vers après vers, les images du poème, à partir de photographies choisies dans ses archives.

D’autre part, en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature, les poètes Vincent Broqua, Bernard Chambaz, Suzanne Doppelt, Antoine Emaz, Marie Étienne, Isabelle Garron, Virginie Lalucq et Frank Laurent ont écrit de courtes rêveries, sur ou à partir du poème de Victor Hugo. Ce sont des regards enthousiastes ou critiques sur ce versant de la poésie lyrique et épique, tournée vers une métaphysique de l’invisible à laquelle Victor Hugo était sensible.

Cette exposition a été une occasion de collaboration et de travail avec l’académie de Créteil et des équipes pédagogiques. Au cours de l’année scolaire 2015-2016, neuf classes de seconde et de première de lycées et lycées professionnels de cette académie ont travaillé sur le poème. Ils nous en offrent leur lecture, leur vision, avec des réalisations aux formes variées : films, photographies, dessins et textes.

 

LPA 21 Mar. 2017, n° 124m0, p.16

Référence : LPA 21 Mar. 2017, n° 124m0, p.16

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