La prière du matin

Publié le 03/02/2023

Cette toile d’Alphonse Osbert, datée de 1905, est présentée à la Brafa au prix de 25 000 €

Galerie Alexis Bordes

Une prière ! L’enfant ou la jeune fille à genoux dans une église, dans les bois ou dans l’intimité d’une chambre, sont largement représentés dans la peinture, davantage dans la seconde partie du XIXe siècle. La toile L’Angélus par Jean-François Millet (1814-1875), conservée au musée d’Orsay, dépasse le simple fait religieux pour décrire la vie quotidienne dans la campagne. Le succès de ce tableau, maintes et maintes fois reproduit, lui donne le statut d’une icône. Léon Gambetta en fit l’éloge dans L’Écho de Paris, du 11 juin 1889, en admirant « la leçon morale et politique » qu’il traduit. Mais les tableaux inspirés par la prière sont souvent empreints d’une certaine mièvrerie. Les symbolistes n’y échappent pas. Pas tous !

Alexis Bordes présente à la Brafa une œuvre d’Alphonse Osbert (1857-1939), intitulée : La Prière du matin (40 x 26,5 cm), affichée 25 000 €. Celle-ci comporte une dédicace : « À ma fille chérie / Cette prière du matin en souvenir de sa première communion / 8 juin 1905 / A. Osbert ». La toile montre, dans un paysage onirique aux traits suggérés dans un camaïeu de lueurs bleutées, une silhouette féminine vue de trois-quarts, le visage levé vers le ciel, les mains croisées sur la poitrine. Selon le galeriste, le paysage est inspiré par la région de Vichy, chère à l’artiste : « D’un trait aussi savant que précis, [il] épure progressivement ses lignes, décolore les figures et en trace délicatement les contours ». Son style, inspiré par la lumière et ses effets mystérieux, donnent aux ciels une apparence calme et apaisant. Ses paysages expriment la douceur de la nature et le repos des âmes. Ce rapport de la lumière à la spiritualité a été cultivé par Osbert dans les années 1880, alors qu’il séjournait en Espagne et qu’il copiait les maîtres anciens comme Velásquez et Ribera. C’est ainsi qu’il trouva réellement sa voie et se plaça comme l’un des pionniers de la peinture symboliste. L’année 1892 marqua le début de son triomphe.

Ici, l’artiste utilisa le bleu, considéré comme la couleur la plus profonde et symbole de mélancolie ; le blanc exprime la pureté pour incarner l’innocence et la jeunesse de sa fille Yolande (née en 1894) ; et le vert, l’espérance. Osbert ne travaillait que les couleurs qui lui permettaient d’exprimer ses émotions intérieures, espérant ainsi toucher l’âme du spectateur. Cette toile, La Prière du matin, est d’autant plus touchante qu’elle exprime la tendresse d’un père pour sa fille et traduit le silence et le recueillement devant l’harmonie entre l’Homme et la Nature. Pour Véronique Dumas, auteur d’une monographie sur Alphonse Osbert, le sentiment religieux ne réside pas dans cette représentation d’une scène religieuse traditionnelle, mais dans l’expression d’une idée, dans le rendu d’un geste, afin d’affirmer sa croyance dans la nature comme manifestation divine.

Galerie Alexis Bordes, 4 rue de la Paix, 75001 Paris

Brafa, Brussels Expo I Heysel, Halls 3 & 4, Place de Belgique 1, 1000 Bruxelles, Belgique

Du 29 janvier au 5 février 2023

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