La sculpture émouvante de Geneviève Bayle
Le Sommeil d’Adam.
Geneviève Bayle
Héritière des maîtres du passé, Geneviève Bayle s’en libère pour laisser libre cours à sa vision intime de l’être humain. Ainsi crée-t-elle des personnages à l’émotion contenue qui semblent porter un secret intime traduit par l’expression du visage et du corps.
En dépit des engouements passagers qui secouent périodiquement le monde artistique, cette artiste demeure fidèle à elle-même, animée par la passion de la création que l’on perçoit dans chacune de ses œuvres. On devine l’osmose entre le sujet et la créatrice, qui avec le même regard humaniste, évoque les sentiments personnels comme les événements mondiaux parfois tragiques…
Geneviève Bayle a tout d’abord pratiqué la peinture avant de se consacrer à la sculpture à partir de 2004. Sans doute éprouvait-elle le besoin de concrétiser par la matière – qu’il faut dompter – ses émotions, ses réflexions, son regard sur le monde. Travailler la terre avec patience et amour jusqu’à ce qu’elle devienne être humain vivant, sensible avec ses joies, ses blessures, ses espérances, telle est la passion de la créatrice et le résultat du lien intime entre l’esprit et la matière sans lequel l’œuvre ne peut naître.
Si l’art de Geneviève Bayle se nourrit de la tradition, il s’affirme toutefois résolument contemporain, en prise avec la vie. Elle cherche à transmettre la beauté intérieure qui vient de l’âme. Toute la palette des sentiments humains est ici exprimée : de l’amour entre deux êtres à l’amour maternel, de la compassion à la tendresse avec toujours sous-jacente une force intérieure baignée de spiritualité qui confère à cet art sa noblesse, sa singularité…
D’œuvre en œuvre, apparaît une constante : un regard sur l’être humain ; témoin de la vie, l’artiste souhaite transmettre la beauté intérieure qui vient de l’âme. On devine Geneviève Bayle passionnée par son art, toujours en recherche d’une traduction de la réalité dans la beauté d’une sculpture : de la Supplication du Bonze au Silence, une main posée sur la bouche, du Cri déchirant à la Rencontre… Ce sont encore Adam et Ève au moment de la tentation, si humainement traduits et tant d’autres thèmes, parfois bibliques, ou des œuvres inspirées par le chant ou la musique.
Le regard est attiré par le magnifique travail de la terre crue coulée dans le bronze, où s’opposent stries, animation de la matière, en opposition à des surfaces planes. Le plus souvent lisses, les visages aux yeux clos, sont porteurs de méditation ou d’extase, de contemplation, toujours habités d’émotion.
Geneviève Bayle révèle une force créatrice inventive particulière. Les volumes retiennent la lumière qui les anime, s’accroche sur une figure, une partie d’un corps ou sur un détail du travail. Le silence est à la base de cette création qui, souvent, bouleverse le spectateur. Authentique, inspirée, cette œuvre rare reflète le miroir intérieur de l’humain ; il y a là une réelle profondeur et malgré les souffrances diverses, une espérance. Cette sculpture est également porteuse de joie, elle attire par sa traduction de la fragilité humaine, et de la grâce, et de la beauté.