Yvelines (78)

La séduction à Marly

Publié le 05/05/2023

Cave à parfums ou coffret à senteurs, milieu du XVIIIe siècle, en bois vernis Martin, avec flacons en verre et argent

Eva Lorenzini/Musée du parfum Fragonard – Fragonard Parfumeur

Du château de Marly – cette « maison de campagne » voulue par Louis XIV – il ne reste rien, sinon l’idée du parc. Et les chevaux sculptés par Guillaume Coustou qui furent acheminés à Paris au pied des Champs-Élysées. Au moment de la Révolution, le domaine fut livré aux vandales et le mobilier dispersé. Les bâtiments servirent ensuite de caserne, puis vendus au banquier Gondulphe Andryane, puis à un dénommé Alexandre Sagniel (son homme lige) qui l’aménagea en filature. Selon le procès-verbal de vente, daté de 1799, la propriété  « présentait l’image de la dévastation la plus complète ». Finalement, Sagniel – menacé de banqueroute – fit jeter à bas la plupart des bâtiments, dont les douze pavillons des invités du roi, afin d’en revendre les matériaux. Napoléon finit par acquérir le parc pour en faire un terrain de chasse. S’y dressait encore le palais du Soleil, qui fut démonté en 1806. C’en était fait de l’élégance et d’un art de vivre dont on rêve encore. Quant à la machine de Marly, c’est une autre histoire.

Sur ce domaine laissé à l’abandon, la Société archéologique, historique et artistique de Marly-le-Roi envisagea en 1933 d’y installer un musée dans le pavillon du Butard, ancien rendez-vous de chasse élevé à la demande de Louis XV. Après de nombreuses tribulations dont les histoires rempliraient plusieurs volumes, le Musée-Promenade de Marly laissa la place au Musée du Domaine royal de Marly, qui enfin ouvrit récemment ses portes avec une exposition consacrée à l’art de s’apprêter à la cour.

Comment vivait-on à la cour ? On rapporte souvent sans preuve réelle que Versailles n’était pas très ragoûtant car les courtisans ne pratiquaient guère l’eau, source de bactéries. On se frottait la peau avec du parfum. On pourrait croire que le mélange des odeurs choquait les esprits fins. En réalité, tous se parfumaient à la même fragrance, essentiellement la fleur d’oranger (la préférée du roi qui, d’ailleurs, était allergique à toutes les autres). Parmi les flacons exposés, l’un d’entre eux (daté de 1774-1780), en or ciselé voisine avec un tube encore cacheté. Il contient encore du liquide. De quel parfum s’agit-il ? À moins de le briser, ce que l’on n’ose pas faire, naturellement, il restera un mystère…

Tout était séduction à la cour et chez les grands. Louis XIV commença à perdre ses chevaux à l’âge de vingt ans, après une typhoïde. Il remit donc la perruque à la mode. Frisées d’abord, elles furent ensuite poudrées. Les boîtes en vernis Martin firent florès et permirent de ranger les perruques, tandis que des plus petites boîtes furent remplies de poudre de riz. Une boîte à perruque, en bois laqué noir et or dans le goût du vernis Martin dans le style Régence (33 cm), a été adjugée 309 € à Drouot, le 8 février 2023, par la maison Audap & Associés. La mouche, posée sur les visages, devint un langage de séduction ; des boîtes à mouches donnèrent l’occasion à des orfèvres d’exercer leur talent : l’une d’entre elles, en galuchat monté argent, XVIIIe siècle, a été vendue 300 €, le 8 novembre 2015 par la maison Daguerre. Les boutons, la dentelle, et de nombreux accessoires peuplent les vitrines du musée qui redonne vie aux pavillons disparus de Marly.

Musée du Domaine royal de Marly, 1 Grille Royale, Parc de Marly, 78160 Marly-le-Roy

Plus d’informations sur https://musee-domaine-marly.fr/

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