La somme des Amérindiens

Publié le 08/01/2025

Belin / Pescheteau-Badin.

La conquête de l’Ouest américain et les premiers pas des Occidentaux dans ce que l’on nomme le Nouveau monde conservent encore aujourd’hui une certaine fascination que l’on retrouve tant au cinéma que dans les livres. Si la filmographie en ce domaine est importante, la bibliographie est considérable et ne reflète pas toujours la véritable histoire des Amérindiens. Jean-Michel Sallmamn a consacré la plus grande partie de sa vie à L’Amérique du Nord, de Bluefish à Sitting, 25 000 av. notre ère, XIXe siècle. Son ouvrage est une somme et balaye bien des idées préconçues. Il ne laisse, semble-t-il aucun épisode historique de côté et fait revivre les quelques centaines de nations indiennes, leurs langues, leurs coutumes et croyances extrêmement diversifiées qui ont vécu dans cet espace immense. L’arrivée, au XVIe siècle, des Espagnols, des Français puis des Anglais, a bouleversé sinon réduit à néant ce monde. Avec ce livre en main, on ne peut plus regarder les fims des années 1940 et 1950 comme on les voyait. Il reste que la vision des colons partant dans leur wagon vers l’ouest ne laisse pas indifférent.

Comme d’autres, Daniel Jouve qui, sans jeu de mots, exerçait la profession de chasseur de têtes, vouait, selon l’expression du libraire, Alain Nicolas « une passion commune pour l’histoire commune de la France et des États-Unis. » Il a ainsi constitué une bibliothèque sur ce thème qui a été dispersée à Drouot, le 6 novembre 2024 par la maison Pescheteau-Badin, assistée par les experts Alain Nicolas & Pierre Cheno. Parmi les quelque quatre-vingt-huit lots consacrés aux États-Unis d’Amérique, on retrouvait de Thomas Lorraine Mackenney et James Hall, History of the Indian Tribes of North America (Philadelphie, successivement Edward C Biddel, F. W Greenough, James T. Bowen et enfin Daniel Rice et James G. Clarck, 3 volumes gr. in-folio), relié en demi-maroquin noir, estimée 90/110 000 €. Cette somme, l’une des premières sur les nations indiennes courant de 1829 à 1844, n’a malheureusement pas trouvé preneur.

Le colonel Thomas L. MacKenney (1785-1859), avait été superintendant du Commerce indien (1816-1822), puis directeur des Affaires indiennes jusqu’en 1830. À ce titre, il fut chargé de négocier sur le terrain les traités avec les tribus, et d’accueillir les délégations indiennes à Washington. Il fonda en outre les Archives nationales des Indiens d’Amérique qui fut le premier de tous les musées de Washington. Il y recueillit les témoignages de la culture amérindienne qu’il avait réunis. Il ne cesse de récolter des objets d’art et d’artisanat, effectue des études ethnographiques, et fait peindre spécialement, à grands frais, des portraits des personnalités indiennes lors de leurs passages à Washington. 117 d’entre eux figurent dans cet ouvrage. On peut les voir désormais au Smithsonian Institute.

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