La soprano Julie Roset illumine le Salve Regina de Haendel

Publié le 08/11/2022

Ricercar

La jeune soprano française Julie Roset interprète quelques œuvres de Haendel appartenant à sa période dite italienne, dont le célèbre Salve Regina et le motet Silete venti, associant ainsi musiques sacrée et profane. Après une entrée en matière par le Concerto a 5, recyclant quelques morceaux antérieurs d’origine vocale, Leonardo García Alarcón propose le Salve Regina HWV 241. Cette magnifique antienne à la Vierge, composée par Haendel en 1707, est constituée de trois parties contrastées. Le verset « Salve Regina » offre le ton suppliant de la prière sur un magistral fondu orchestral. Le « Ad te clamamus » poursuit dans ce mode méditatif. Plus vive est la section « Eia ergo », avec son orgue soliste accompagnant la voix soit à l’unisson, soit en contrepoint, sur un ripieno enjoué des cordes. Le « O Clemens » voit le retour du climat suppliant du début sur une pédale d’orgue et un substrat de cordes doucement expressives, la voix évoluant dans un morceau d’une extrême concision. La jeune Julie Roset impressionne par une sonorité épurée, une émotion contenue avec des tenues de voix d’une justesse de ton admirable. « Praise the Lord », extrait de l’acte I de l’oratorio Esther (1732) est un chant de louange dans un tempo fluide qu’enlumine la harpe solo. L’air final du personnage de Bellezza, extrait de Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, avec son émouvant solo de violon, est un autre exemple de ces pages dans lesquelles Haendel utilise la voix de soprano pour un maximum d’expressivité. En l’occurrence, La Beauté renonce ici aux Plaisirs de la vie et se retire peu à peu de ce monde pour se tourner vers La Sagesse.

Le Gloria, partition « découverte » dans les années 2000, est constituée de six parties et d’une succession de tonalités et de climats différents. L’écriture pour la soprano s’y révèle éblouissante, comme dans la séquence initiale avec des vocalises ponctuées de notes suraiguës. Se succèdent des sections lentes et vives : un adagio méditatif « Et in terra pax », un vif « Laudamus te » , un « Domine Deus » pénétrant, un « Qui tollis » fervent. La section finale « Quoniam tu solus sanctus » conclut dans la démonstration vocale.

Le motet Silete venti HWV 242 (1729) voit le triomphe de la virtuosité vocale et du style italien de Haendel. À la Symphonia, une section lente avec deux hautbois doublant les cordes bascule dans un allegro fiévreux, surtout dans la manière très soutenue adoptée par García Alarcón. Surgit la voix sur « Vents faites silence », comme calmant la tempête. Suivront quatre versets, soit alliant profondeur et équanimité dans une sorte de dialogue entre le pécheur et Dieu, soit déployant un moment de pure félicité, mettant en valeur la voix et la pertinence du texte. Survient au médian et sur le verset « Que les vents se lèvent », une forme de tempête comme au début. La voix connaît alors de généreuses notes aiguës. L’Alleluia conclut dans la joie et la démonstration vocale, que Julie Charvet empoigne par des vocalises inextinguibles où la voix épouse la ligne des bois.

C’est peu dire que la soprano avignonnaise enthousiasme par son chant et son interprétation. Cette voix si émouvante dans sa simplicité apporte à ces pièces une vraie aura de sincérité, que le chef Leonardo García Alarcón, un des plus justes tenants de l’idiome haendelien pare de mille attentions et des suprêmes couleurs de son Millenium Orchestra. Une pépite !

• George Frideric Handel : Salve Regina. Gloria. Silete venti. « Praise the Lord with cheerful voice » (extrait de Esther). « Tu del ciel ministro electo » (extrait de Il Trionfo del Tempo e del Disinganno)

Concerto a 5

Julie Roset, soprano

Millenium Orchestra, dir. Leonardo García Alarcón

1CD Ricercar

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