L’Affichiste Leonetto Cappiello

Publié le 13/09/2024

Revoir les affiches savoureuses de Leonetto Cappiello, visibles jusqu’au 22 septembre 2024 au Musée Art et Histoire Louis Senlecq à L’Isle-Adam, est un vrai plaisir, tant son œuvre à la forte imagination retient le regard par sa verve permanente.

Leonetto Cappiello, Mme Sarah Bernhardt, 1903, publié en couverture du Théâtre de Cappiello, numéro spécial de la revue Le Théâtre, n°104, avril II 1903.

Musée d’Art et Histoire Louis Senlecq

Affichiste et sculpteur de statuettes, italien né à Libourne en 1875, Cappiello arrive à Paris en 1898 ; il y demeurera la plus grande partie de sa vie ; il décède à Cannes en 1942. Tout d’abord caricaturiste pour des journaux satiriques : Le Rire ou L’Assiette au beurre notamment, c’est au tournant du siècle qu’il s’intéresse à l’affiche, la réinvente, adoptant un style différent de ses prédécesseurs. La courbe, l’arabesque, sont omniprésentes, autant que le mouvement, la vie, dans ses compositions. Il aime les fonds unis, souvent noirs, desquels se détache la publicité. Autodidacte, cet artiste a trouvé son style au début des années 1900, l’affiche devient alors une création artistique, Cappiello la renouvelle totalement.

Ce qu’il recherche : attirer le regard, tant celui des passants que des automobilistes, il veut une image qui s’impose d’emblée. C’est ainsi qu’il simplifie le trait, utilise des couleurs fortes, crée le mouvement en un dessin où domine l’arabesque et où l’écriture se déchiffre instantanément. L’exposition qui lui est consacrée présente un ensemble de son travail ; outre les affiches, sont exposées esquisses, dessins préparatoires, sculptures. Certaines de ses œuvres sont présentées pour la première fois. Le visiteur retrouve l’ambiance artistique du Paris de la Belle Époque, avec des caricatures de comédiens, de personnalités, d’artistes de music-hall dont il capte le caractère en quelques traits, dans lesquels domine la courbe en un style renouvelé, moderne. Et bientôt, il se consacre à l’affiche dans laquelle il laisse libre cours à son imagination.

Dès ses premières caricatures de l’artiste Réjane et de la chanteuse Yvette Guilbert, réalisées vers 1890, apparaît son talent de dessinateur. Primordial, le trait, souvent sinueux, évoque les silhouettes prises sur le vif ; on admire la présence du célèbre couturier Jacques Doucet vu de profil, esquissé en un tracé sûr et libre. Au début de 1900, il réalise ses premières affiches publicitaires.

« Cachou Lajaunie » figure parmi les premières œuvres de Cappiello. Chaque planche affirme sa liberté de composition, son audace et une écriture immédiatement lisible, ainsi « L’Ouate thermogène » et son cracheur de flammes, « Cinzano » où apparaît un zèbre, et encore « Bouillon Kub ». Avec « Chocolat Klaus » il laisse la première place à l’imagination, délaisse le réalisme, le chocolat n’apparaît pas, l’artiste évoque ici une femme en vert cru chevauchant un cheval rouge, seul existe le nom de la marque en jaune ; le succès est immense.

Chacune de ces affiches ressemble à un petit tableau au style incomparable dans lequel la vitalité, le sens des couleurs, l’humour ont leur place dans un dessin rythmé, expressif. Cappiello a également laissé de nombreux cartons de tapisseries. Par son style vif, libre, il a donné à l’affiche ses lettres de noblesse.

Plan