L’art du verre dans l’Est autour de René Lalique

Publié le 18/08/2022

Service Nippon exposé au musée Lalique

Musée Lalique

L’année internationale du verre est l’occasion de découvrir dans le Grand Est deux musées, le site verrier Meisenthal et le musée Lalique.

Les Nations unies ont proclamé l’année 2022 comme étant « The International Year of Glass » pour souligner le rôle du verre dans les domaines scientifiques, économiques, artistiques et culturels.

Le verre est essentiel à de nombreuses technologies vitales, il facilite la transition vers un monde plus durable et embellit nos vies. Cette année unique et historique verra de nombreuses manifestations dans 90 pays sur les 5 continents.

Partons dans l’Est, au cœur du massif des Vosges du Nord, dans le comté de Bitche, voir la patrie des plus belles cristalleries françaises.

Le site verrier de Meisenthal

De l’ancien musée du verre et des friches industrielles est sorti de terre un étonnant ensemble architectural : le site verrier, mêlant en une osmose très réussie le verre, le béton (en forme de vague), le bois (pour une exceptionnelle charpente dite en résille proche du mouvement Bauhaus), la brique (pour l’ancienne usine et sa tour de chauffe), le végétal (pour se souvenir de la nature qui a tant inspiré Émile Gallé dans ses créations).

Hautement symbolique, cet espace qui vient d’ouvrir est aussi un lieu de mémoire et un voyage pédagogique pour ceux qui ont façonné l’histoire du verre et du cristal et pour toutes les personnes qui, aujourd’hui, contribuent par leurs gestes quotidiens à perpétuer un savoir-faire à la française unique.

Le site dispose de plusieurs lieux à visée pédagogique afin de comprendre le processus de fabrication du verre de silice qui devient le vase de votre salon…

Film dans une cave voûtée en grès rose vosgien, exposition des outils (lesquels sont en 2022 les mêmes qu’à l’époque des premiers verriers nomades au Moyen Âge), panneaux historiques racontant trois siècles d’aventures verrières, exposition de quelque 400 pièces produites par une quinzaine de maisons (dont les verreries de Meisenthal, Goetzenbruck, Lemberg, Arzviller, Saint-Louis, Lalique, Baccarat, Daum qui travaillent encore), collection de moules et galerie des pièces contemporaines de designers du XXIe siècle.

50 ans après la fermeture de la verrerie, la réhabilitation du site explique les techniques traditionnelles de façonnage du verre à chaud jusqu’au décor à froid. Et bientôt, au cours de la visite, le bruit ronronnant de la fusion dans les fours à pots se fait entendre ; la chaleur monte brutalement. C’est normal : vous venez de passer dans une mezzanine qui surplombe un atelier de production. Devant vos yeux, la magie de la matière incandescente prélevée à l’aide de la canne dans le four à fusion, le façonnage par les ouvriers pour transformer la matière en coupe, flûte à champagne, pampille de lustre. Le travail est inouï : un ballet discret, mesuré et silencieux de plusieurs ouvriers qui travaillent à 2 ou 3, l’un et l’autre sachant parfaitement ce que l’autre va faire. Ni parole échangée, ni mouvement brusque : le travail s’enchaîne immuablement sans hésitation aucune en une symphonie parfaitement réglée. Et de s’émerveiller devant cet art du feu qui finalement a su perdurer sans pour autant changer.

• Place Robert Schuman, 57960 Meisenthal

Le musée Lalique de Wingen-sur-Moder

Il va fêter en juillet prochain son centenaire et rendre bien sûr un vibrant hommage à son illustre fondateur, René Lalique.

Dans le village d’une ancienne verrerie contrainte d’arrêter son four en 1868, René Lalique va faire renaître l’activité en ouvrant sa propre manufacture et créant ainsi une maison familiale, ses descendants du même nom reprenant la tradition verrière jusqu’en 2008.

Mais avant les arts de la table, René Lalique c’est surtout le bijou, le flacon de parfum ; deux productions très bien exposées et mises en valeur par le musée. Lalique est avant tout l’inventeur du bijou moderne, le designer de pièces audacieuses inspirées de ses « 3 F », la femme, la faune et la flore. L’or s’associe aux pierres précieuses, à l’émail, à la corne, à l’ivoire sur des peignes, des broches, des ceinturons, des diadèmes et des colliers représentants des nymphes, des libellules, des chauves-souris, des ajoncs, des iris… La création de René Lalique plaît à une certaine intelligentsia artistique : Sarah Bernhardt, Calouste Gulbenkian, Émile Gallé, lesquels vont contribuer à populariser son travail. De même, son travail pour le parfumeur et ami François Coty vulgarise en quelque sorte ses créations. Dans ce musée, vous aurez la chance inouïe de voir la collection personnelle de flacons de parfums de Silvio Denz, l’actuel propriétaire de Lalique.

Après l’influence de l’Art nouveau, vient l’esprit Art déco où Lalique continue à exceller, réalisant des commandes folles, comme les bouchons de radiateur de certaines automobiles des Années Folles, la décoration de paquebots ou de trains de luxe, la création de pièces et fontaines monumentales pour les expositions universelles…

Dans cet écrin muséal de pierres de serpentine vertes et bleues conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, on évoque un peu la manière de fabriquer du Lalique (travail à chaud et moulage, retouche et matage par bain d’acide, polissage et signature) ; ce qui le différencie d’autres verriers comme Saint-Louis ou Baccarat. Mais ce n’est pas tant le process de fabrication du verre-cristal qui compte que la présentation de pièces uniques et emblématiques du travail de cette maison : un lustre de 1951, haut de 3 mètres et pesant 1,7 tonnes, le bijou « La Femme Ailée » de 1900, les vases « Tourbillons » de 1926, et le vase « Bacchantes » de 1927, le Christ en croix de la chapelle Notre-Dame-de-la-Délivrande.

Avec Saint-Louis, ces 2 sites font parties des « Étoiles Terrestres », un concept patrimonial unique autour du verre préservé par la passion des hommes.

• 40 rue du Hochberg, 67290 Wingen-sur-Moder

Restaurants

Selon votre temps et votre budget, à La Villa René Lalique, un Relais & Châteaux étoilé et le Château Hochberg, tous deux appartenant au groupe Lalique de Silvio Denz et situés sur la commune même du musée.

Dans un écrin de verre, la villa propose une cuisine premium sous la houlette du chef, Paul Stradner et du pâtissier, Nicolas Multon, avec des menus de 180 à 230 €. Caviar et bœuf, sandre et escargots, omble chevalier et livèche, tiramisu d’asperges, cappuccino de pommes de terre et truffe… Cette adresse met à l’honneur des ingrédients raffinés.

• 18 rue Bellevue, 67290 Wingen-sur-Moder

Du côté de la brasserie du Château Hochberg, un hôtel 4 étoiles logé dans une maison de maître qui offre une cuisine créative mais accessible (menu du déjeuner à 3 plats pour 25 € ou menu Teutsch à 3 plats pour 42 €).

En entrée, une chair d’araignée, quinoa de légumes, velouté glacé, soit une terrine de foie gras, oignons rouges, salade de céleri et pommes Granny.

Côté plat, poisson du jour, purée de patate douce, raviole de crevette ou canette caramélisée au miel, betterave confite, légumes du moment et jus parfumé. Et pour finir en beauté, optez pour son originalité et la déclinaisonde la pistache de Bronte avec un parfait glacé, un crémeux et une glace au chocolat blanc.

Pour accompagner votre repas, Roman Iltis saura vous conseiller : il a été élu meilleur sommelier de France en 2012 et MOF sommellerie en 2015. Parmi les bonnes bouteilles nombreuses dans cette région viticole et les 60 000 flacons que compte le château dans sa cave, il saura vous conseiller le ou les vins adaptés à votre repas.

• 2 rue du Château Teutsch, 67290 Wingen-sur-Moder

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