L’art en mouvement
DR
Auguste Rodin et la danse
Auguste Rodin eut avec la danse un rapport particulier. Les photographies qu’il collectionna, entre 1895 et 1912, nous le révèlent. Son regard et sa sensibilité lui permirent de trouver, à travers cette expression, le moyen de renouveler la sculpture et de trouver de nouvelles formes plastiques. Avec Auguste Rodin, le corps représenté en sculpture n’est plus le même qu’auparavant.
La sculpture et la danse ont en commun un travail sur le modelé du corps, de la gestuelle et le défi de la loi de la gravité. Dans les années 1890, des artistes révolutionnèrent la danse et la chorégraphie, comme Loïe Fuller, Vaslav Nijinsky ou Alda Moreno. Auguste Rodin fut à l’écoute de ces changements. Il s’intéressa également aux danses populaires, folkloriques et asiatiques, comme aux danseuses cambodgiennes quand elles vinrent à Paris. Entre 1903 et 1912, il réalisa un ensemble de sculptures et de dessins appelé « Mouvements de danse », qui montre la synthèse de ses recherches et de ses expérimentations sur la représentation du corps en mouvement.
La danse, comme art du mouvement, est une mise en rapport du corps avec l’espace qu’il investit. Cette mise en rapport crée un lien. Les sculptures d’Auguste Rodin nous le montre pleinement, car elles sont en mouvement, tout en tension et habitées d’une énergie. Leur forme est, nous l’observons, tension et énergie. Dans ce sens, Auguste Rodin représenta le corps comme une architecture vivante, avec un langage fait de gestes et d’attitudes, comme nous le voyons en danse. Ses sculptures ne sont pas statiques, elles mettent en évidence ce qui habite un corps vivant. Dynamisme et force les caractérisent, les habitent.
Une danseuse, Isadora Duncan, à la fin de XIXe siècle, s’intéressa aux représentations des danses de la Grèce antique. Elles lui furent une source d’inspiration et de renouvellement, comme pour d’autres danseurs et artistes. Elle put ainsi développer une théorie du mouvement naturel, plus libre, qui favorisera les ouvertures que nous connaissons dans les expressions et esthétiques des langages de la danse moderne et contemporaine.
D’autre part, en 1914, Auguste Rodin écrivit Les Cathédrales de France. Il prit conscience, en les visitant, que « la cathédrale est construite comme un corps vivant », dans la symbolique et l’espace qu’elles enserrent. Auguste Rodin met en évidence l’équilibre dynamique qu’il y a entre les forces d’un corps architectural construit en pierre et celui d’un corps de chair. Un équilibre de forces et de tensions qui maintient leur architecture. Pouvons-nous dire aussi que ces architectures chantent silencieusement ? Qu’ils bruissent en leur mouvement pour dialoguer sans mot ?
Pont-Aven, berceau de la modernité
Alexandre Mouradian a rassemblé, depuis 2006, un important ensemble d’œuvres de l’École de Pont-Aven, passionné par la peinture d’Émile Bernard. Il prête au musée, pour une année, vingt-trois œuvres, qui représentent pour lui le premier courant de l’art moderne, avant le fauvisme et le cubisme. Ce courant dit synthétique, développé entre 1888 et 1894, est caractérisé par l’usage de couleurs pures, posées en aplats, cernées de noir le plus souvent, qui les cloisonnent. Les initiateurs, Paul Gauguin et Émile Bernard furent rejoints rapidement par d’autres peintres, tels Paul Sérusier, Maxime Maufra, Roderic O’Conor, Wladyslaw Slewinski, Armand Seguin ou Henry Moret. La collection d’Alexandre Mouradjian regroupe tous les acteurs de ce mouvement, qui fut une aventure majeure pour la peinture.