L’assise de la chaise paillée
De Charlotte Perriand, trois exemplaires de ce fauteuil paillé n°21, dit « Chamrousse », sont estimés 5 000/8 000 €.
Ader-Nordmann
Quoi de plus simple qu’une chaise ! Il suffit de découper quelques morceaux de bois à bonne mesure, de les assembler, puis d’enrouler de paille l’assise. Facile à dire, malaisé à faire… Les anciens se souviennent des rempailleurs sur les marchés. Ils étaient les lointains successeurs des Égyptiens qui ont laissé depuis la XVIIIe dynastie des fauteuils et tabourets aux assises de paille, et encore des Vénitiens qui s’en étaient fait une spécialité. Chez nous, en Périgord, à Lalinde, à quelques kilomètres de Bergerac, un certain Robert Sentou (1922-2008), avait fondé en 1947, un atelier de fabrication de meubles qu’il avait baptisé « La Chaise Paillée ». Ces chaises-là évoluèrent et devinrent d’autres modèles imaginés par les plus grands designers de l’époque, dont Charlotte Perriand (1903-1999). Cette dernière a fait appel à Robert Serrou pour la fabrication de ses chaises paillées conçues pour la station de sports d’hiver des Arcs, et également installées à Flaine. Une suite de 4 chaises Frêne, lamellé-collé, paille, datées des années 1970, intitulée : « Courchevel », sera mise en vente le 18 février prochain, à Drouot, par la maison Ader-Nordmann, avec une estimation de 500/800 €.
Les ateliers Sentou commémorent cette année leurs 75 ans. Pour l’occasion, le catalogue proposera environ 150 exemplaires d’éditions Sentou et de pièces extraites des expositions organisées ces 30 dernières années, avec des estimations comprises entre 50 et 50 000 €. « Ce fonds d’archives physique est destiné à illustrer l’histoire et la mémoire de la maison », explique Pierre Romanet, qui a collaboré à compter de 1991 avec Robert Sentou. La série la plus significative est évidemment représentée par la suite de 4 chaises Frêne intitulée : « Dordogne », dessinée à ses débuts par Serrou lui-même. On en demande 800/1 200 €. Elles voisinent avec une autre série chère aux amateurs des œuvres de Charlotte Perriand, le fauteuil paillé n°21, dit « Chamrousse », un modèle créé en 1935, dont trois exemplaires sont estimés 5 000/8 000 €.
Au début des années 1960, grâce à son cousin Roger Tallon (1929-2011), la fabrique produisit la chaise Wimpy. Celle-ci, démontable, était réalisée en fonte d’aluminium, et en bois thermoformé laqué noir. On en demande 1 000/1 500 €. Puis, en 1977, sortit des ateliers la chaise TS (pour Tallon Sentou). Le même Roger Tallon s’était déjà rendu célèbre avec l’escalier hélicoïdal M400 140 qu’il avait créé en 1967. Une marche de cet escalier, une pièce unique, en bronze et caoutchouc, est estimée 800/1 200 €. Sans que l’on s’en rende compte, bon nombre de créations sorties des ateliers Sentou, ont, comme le souligne Pierre Romanet, « compté dans la vie des gens, et pour plusieurs générations ».
Référence : AJU003n3
