Le bison perdu des grandes plaines

Publié le 25/06/2021

Le bison perdu des grandes plaines

Cette partie antérieure naturalisée d’un bison d’Amérique a été adjugée 2 800 €.

Millon

Que faire lorsque l’on se retrouve face à un troupeau de bisons ? Cette rencontre est devenue improbable depuis que les chasseurs de ces mammifères apparemment tranquilles, mais lourds et capables de charger, les ont décimés. Dans quelques endroits aux États-Unis, cette confrontation peut survenir dans des parcs naturels, notamment celui de Yellowstone. Vous filez sur un chemin, pensant fuir un ours réfugié de l’autre côté d’un marigot puant, et, soudain, vous voyez le passage encombré par un petit troupeau de bisons. Que l’on se rassure, ces ruminants n’ont pas bronché. Ils auraient de quoi pourtant en se transportant dans une des salles de l’hôtel Drouot. La partie antérieure naturalisée d’un bison d’Amérique a été adjugée 2 800 €, par la maison Millon, le 19 février dernier. Vu de face, l’illusion était grande. La même maison de ventes a dispersé la collection Lucien Monin d’histoire naturelle. Dans celle-ci figurait un autre bison, couleur miel, naturalisé. Il a été adjugé 1 300 €.

Nous pensons connaître l’histoire des bisons d’Amérique grâce aux récits qu’en ont fait les légendes de l’Ouest grâce notamment à William Cody dit Buffalo Bill, les westerns, les photographies d’Edward Curtis et surtout les peintures, sans oublier les bandes dessinées. Le tableau de William Jacobs Hays, Un troupeau de bisons dans le lit du Missouri, peint en 1862 donne une idée de ce que pouvaient être les centaines de milliers de têtes dans l’Ouest avant qu’ils ne soient décimés. Dans le roman de Robert F. Jones, L’Agonie des grandes plaines, on ne joue pas aux « Cow-boys et aux Indiens », on assiste au contraire à la lutte féroce entre les chasseurs de bison et les membres des tribus qui tentent de sauver ces troupeaux qui les font vivre, et encore les explorateurs et visiteurs de tout genre. Tout ceci est décrit sans complaisance. Les personnages principaux Otto, vétéran de la guerre de Sécession devenu chasseur, sa sœur Jenny, Two Schields, un Cheyenne et quelques autres sont confrontés à cette guerre interne qui les bouscule et les mélange. Personne n’est épargné dans ce roman qui frôle souvent le documentaire. La mort rôde, la vie éclate et s’éparpille. Les victimes ne sont pas seulement les bisons massacrés, mais encore les hommes. Après avoir lu cet ouvrage, on ne regardera plus les bisons comme auparavant et l’on saura comment vivaient les tribus mais également les chasseurs. Robert F. Jones fait dire à un général : « La civilisation suit le chasseur, aussi sûrement que la pluie suit la charrue ». Les Indiens avaient compris que la disparition des bisons valait leur disparition. Ils ne parvinrent pas à inverser le cours de cette mauvaise course. Même en brandissant cette massue de combat avec pic en corne de bison, au décor symbolique incisé en bois à patine rousse et brune (56 x 19 cm), qui a été adjugée 1 910 € à Nice, le 30 juillet 2020.

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