Le blason du clan Ii

Publié le 31/03/2023

Ce coffre de voyage hasami-bako, de la période Edo (antérieur à 1867), a été adjugé 14 300 €

Aguttes

Au Japon, au bord du lac Biwa dans la province d’Omi, se dresse le château de Hikone. Ce monument national nippon est considéré comme l’un des plus beaux parmi les cinq subsistants. Il a été sauvé de la destruction grâce à une visite de l’empereur Meiji (1867-1912) qui, séduit, l’épargna. Le souverain avait en effet décidé, pour marquer la fin du régime féodal des shoguns, d’abattre toutes les châteaux anciens, du moins ceux qui n’avaient pas été détruits par les cyclones et les tremblements de terre. Hikone a été construit il y a plus de quatre siècles, de 1602 à 1607, par le daimyo (seigneur) Naokatsu Ii. Celui-ci avait obtenu, en récompense de sa fidélité au shogun Tokugawa, alors l’un des plus puissants clans de l’époque Edo, l’important fief et château d’Hikone.

Le clan Ii avait un blason figurant un fruit et des feuilles de tachibana, un agrume souvent classé parmi les mandarines, l’une des dix armoiries les plus utilisées au Japon. Nous retrouvons cet emblème sur un coffre de voyage hasami-bako (39,4 x 65,5 x 43 cm), qui a été adjugé 14 300 € à Neuilly-sur-Seine le 9 mars 2023 par la maison Aguttes. Ce coffre est recouvert de laque d’or maki-e sur fond noir, à décor de jeunes pousses de pin émergeant des rochers ponctués de huit grands blasons du clan Ii. Les grandes ferrures centrales et écoinçons sont en bronze doré ciselé du blason parmi les rinceaux. L’intérieur du couvercle est en laque nashiji, l’intérieur du coffre lui-même est laqué noir. La technique de laque maki-e, ou « peinture parsemée », consiste à saupoudrer de l’or et de l’argent sur un décor de laque, ensuite recouvert par d’autres couches de résine protectrice. Les pousses de pin, un arbre restant vert toute l’année, symbolisent au Japon la force inébranlable du clan, sa longévité, sa constance et sa sagesse.

Ce coffre était un objet d’apparat que les daimyos exhibaient à chacun lors de leur déplacement, notamment pour se rendre chaque année à la cour d’Edo, l’ancien nom de Tokyo, où le shogun pouvait juger leur fidélité. Il était porté suspendu à une perche par un valet tout au long du chemin, prenant place dans un long cortège où l’on voyait les membres du clan auquel il appartenait, revêtus de leur plus belle armure.

Aguttes, 164 bis avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

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