Paris (75)

Le bonheur d’une cheminée

Publié le 12/06/2023

Cette cheminée de Dupré-Lafon, pièce unique en cuir patiné, métal chromé, métal noirci et brique, sera mise en vente le 20 juin 2023 par la maison Gros & Delettrez. Estimation : 100/150 000 €

Gros & Delettrez

Imaginons une pièce de forme carrée ou rectangulaire, sans autre élément que la porte qui permet d’y pénétrer, et la fenêtre qui offre à la fois la clarté du jour et l’air. Afin de lui donner vie, les occupants de cette pièce vont y ajouter des meubles nécessaires à leur mode de vie : canapé, fauteuils, table, tapis, bibliothèque et tableaux sur les murs. La pièce deviendra agréable grâce au goût qu’exerceront ses occupants, même si cette notion, qui semble appartenir au subjectif, est malaisée à définir. Si les immeubles et maisons construites après les années 1920 avaient perdu leur cheminée, elles revinrent en force juste après la guerre. Mais dans les années 1960-1970, à l’heure de la construction effrénée et de l’apparition du chauffage central, y compris par le sol, les architectes se passèrent des cheminées.

Pourquoi ce préambule ? Parce que la cheminée est bien sûr l’un des éléments indispensables à l’ambiance d’une pièce, et qui plus est d’un salon. Il suffit d’y ajouter une cheminée décorative, elle habille alors n’importe quelle pièce, lui donnant un aspect classique et chaleureux. Paul Dupré-Lafon (1900-1971) en reçut une commande dans les années 1935-1940. Celle-ci, sans doute une pièce unique, a été réalisée en cuir patiné, métal chromé, métal noirci et brique. Le résultat est d’une discrète élégance. Elle sera mise en vente le 20 juin 2023 par la maison Gros & Delettrez, avec une estimation de 100/150 000 €.

La même maison de vente proposera au cours de cette vacation consacrée à l’Art Déco une salle à manger, réalisée par Clément Mère (1861-1940), un artiste pluriel ayant été à la fois peintre, tabletier, ensemblier et créateur de meubles. On ne pouvait dire de lui, comme Dupré-Lafon, qu’il était le « décorateur des millionnaires ». Mère était au contraire un artisan boulimique : « Il a produit du mobilier, des tissus brodés, des peintures et des objets de tabletterie en quantité et avec qualité », souligne la galerie Marcilhac qui l’a exposé. Le catalogue du 20 juin affiche une « table de salle à manger en placage de palissandre de Rio », réalisée vers 1920-2025. Son plateau ovale mouluré repose sur un large montant à pans coupés de forme octogonale, terminé par une base en doucine. Il est orné par un décor incrusté de plaquettes en ivoire, très finement sculpté et incisé à rehauts de dorure et de cabochons. Elle se complète par une suite de douze chaises en placage de palissandre de Rio, à l’assise recouverte d’un velours orangé. Leur dossier plein cintré est arrondi, la ceinture est composée d’un piètement sabre à l’arrière et gaine à l’avant. Elles sont ornées du même décor que la table, incrustée de plaquettes en ivoire, sculpté et incisé à rehauts de dorure et de cabochons. On en demande 80/120 000 €.

Gros & Delettrez, 22 rue Drouot, 75009 Paris

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