Le chant de la machine à écrire
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Les plus jeunes d’entre nous ne peuvent se souvenir des bruits caractéristiques des « machines à écrire » ; a fortiori les plus anciens ont conservé en mémoire la succession de sons qu’elles produisaient. Les « clic, tip, clic » se succédaient dans une cadence infernale interrompue par le coup de sonnette signalant le retour à la ligne, le chariot se mettait alors à chuinter sous la pression de la main droite et les « clic, tip, clic » pouvaient reprendre, jusqu’à la fin de la page, qui, alors rapidement ôtée, ajoutait un nouveau bruit auquel succédait le grincement du chariot avalant la nouvelle feuille. Nous ne pouvons, en revanche, imaginer ce que disent en fonctionnant les deux machines suivantes : une Blickensderfer en aluminium et métal, comportant la plaque du fabricant « Aluminium featherweight / Blickensderfer / 9 & 10 Cheapside London / Made in USA », vers 1900 et une American Typewriter Founded, en tôle noire, « 1893 New York ». Celles-là seront mises en vente à Drouot (on live) le 12 octobre 2023 par la maison Aguttes, avec une estimation de 80/120 €.
Monsieur C. dont la collection est ainsi dispersée était devenu un collectionneur compulsif de tous les objets scientifiques possibles. Les machines à écrire en faisaient partie. Si les Américains, les Autrichiens et les Français revendiquent la paternité de l’invention de cette machine, le premier brevet d’écriture mécanique fut déposé en 1714 par le Britannique, Henry Mill. Plus d’un siècle plus tard, en 1845, Thurber imagina un dactylographe permettant d’écrire assez rapidement une lettre. Mais le premier prototype commercialisable sortit des usines d’armement Remington en 1872. Cet engin à clavier s’actionnait au moyen de pédales. À partir de cette date, les brevets se multiplièrent : sept cent cinquante dans le monde entre 1880 et 1892.
La « dactylographie », mot officiel pour l’usage de la machine à écrire, se divisait en trois types : à manette, à cadran et à clavier. Le dernier était le plus employé. Tellement utilisé qu’au début du siècle, il était du dernier chic d’écrire une lettre à la machine, voire de glisser dans son sac une pocket, mise au point en 1887. Monsieur C. possédait un autre type de poche, une Virotyp en métal n° 8136, conçue en 1914 pour une utilisation sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale (16 x 9,5 cm), qui est estimée 60/80 €.
Les nostalgiques du cliquetis et de la sonnette de la machine à écrire peuvent écouter le concerto The Typewriter, composé en 1950 par Leroy Anderson, et créé par le Boston Pops Orchestra. Ce morceau de musique a été considéré par le critique Fred Flaxman, comme « l’un des morceaux les plus spirituels et les plus intelligents du répertoire orchestral » !
Aguttes, 164 bis avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine
Référence : AJU010o1