Le coq aux ailes de feu
Ce coq de clocher en tôle repoussée a été vendu 600 €
De Baecque & Associés
La flèche reconstituée de la basilique Notre-Dame de Paris brille désormais en son sommet grâce à un coq. Quoi de plus banal ; la plupart des clochers des églises de France sont ornés d’un coq. Le chant de ce fier gallinacé n’annonce-t-il pas la venue de l’aurore, de la lumière ? Sur les tombeaux des premiers chrétiens, le coq symbolisait la vigilance chrétienne. On ignore, en revanche, l’origine du coq fixé au faîte des clochers des églises. Le plus ancien connu date du XIe siècle et se trouve à Brescia au nord de l’Italie. La chronique rapporte qu’en l’an 820, sixième année de son épiscopat, Rampert, évêque de Brescia, fit fondre un coq de bronze doré et le plaça au faîte du clocher de son église. Le pape Léon IV (847-855) l’approuva et fit de même pour la basilique Saint-Pierre.
Le nouveau coq de Notre-Dame, dessiné par Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques et pilote du chantier de restauration, est en cuivre doré. « Il a des ailes de feu pour rappeler l’incendie, explique-t-il, avant d’ajouter qu’il signifiera qu’une cathédrale peut renaître de ses cendres, tel un phénix ». Le nombre de coqs d’église passés en vente publique est impressionnant. Nous en avons relevé une centaine depuis une dizaine d’années. Le dernier, en tôle de fer repoussée, daté de la seconde moitié du XVIIIe siècle (67 x 58 cm), a été adjugé 550 € à Drouot le 15 décembre 2023 par la maison Magnin Wedry. Un autre en ronde-bosse en fer forgé, plus en très bon état, daté lui aussi de la fin du XVIIIe siècle, a trouvé preneur à 325 €, à Drouot, le 23 septembre 2023 sous le marteau de la maison Giquello. Un mois plus tôt, le 26 août, c’était au tour de la maison De Baecque & Associés d’adjuger 600 € un coq en tôle repoussée.
Le plus grand nombre de ces coqs a été réalisé en cuivre repoussé ou découpé. Ils sont parfois décrits avec une queue ou comme de « type gaulois ». Contrairement à ce que l’on pense, le coq ne fut pas l’emblème de la Gaule, au contraire du cheval. On ne le trouve ni sur les enseignes, ni sur les monnaies au temps de la conquête romaine. Ce sont les Anglais qui nous l’ont apporté. Ironisant sur le double sens de gallus, qui signifie à la fois coq et gaulois, ils assimilèrent leur ennemi favori à ce volatile brayard et vantard. Par bravade, les Français décidèrent de s’emparer du symbole, considérant à l’inverse le coq comme une marque de bravoure et de fierté. Il est devenu ce qu’explique Michel Pastoureau, l’exemple même de « l’emblème subi », selon sa propre expression.
Il fut, en revanche, placé sous la Révolution sur la hampe des drapeaux tricolores parce qu’il était l’oiseau du dieu Mars, le symbole du courage et de la vigilance. Louis-Philippe, écoutant le baron Dupin, fit adopter le 6 août 1830 un article additionnel au drapeau, en instaurant un coq – le coq gaulois – comme emblème. L’un d’eux, en bronze ciselé, sur caisson marqué « liberté » et douille ronde, sur un support en bois, a été adjugé 1 095 € à Versailles, le 8 octobre 2023 par la maison Osenat.
Référence : AJU011z7