Le crépuscule des idoles
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Le nouveau roman de Philippe Djian nous convie dans l’Est des États-Unis, une petite bourgade près de Nantucket. Sa population avec son shérif, ses voyous à la petite semaine, ses commerçants et surtout Joan et Marlon, deux jeunes adultes, frère et sœur, qui viennent brusquement de perdre leurs parents dans un accident de la route.
On n’en saura pas plus sur ce drame. L’histoire commence quelques semaines après, Joan et Marlon sont désormais obligés de cohabiter dans la maison familiale qui n’a pas encore été vidée.
Les souvenirs s’entassent et les cartons s’amoncèlent, ce qui attise les convoitises d’un certain Howard, ami des parents…
Heureusement que John, le shérif adjoint veille.
Philippe Djian nous décrit, avec ce style si particulier, cette nouvelle vie pour ces deux êtres un peu spéciaux.
On découvre que Marlon est empreint de tics et de tocs, qu’il aime l’ordre et craint le crépuscule. Joan se doit d’être rentrée avant la tombée de la nuit si elle ne veut pas le retrouver en pleine crise d’hystérie. La pathologie dont souffre Marlon ne sera mentionnée qu’une fois au cours du roman, Marlon est autiste. Le lecteur l’avait déjà compris, et ce que l’on aime avec Philippe Djian, c’est qu’il n’a pas besoin de tout expliquer, il ne prend pas par la main le lecteur en lui dévoilant le passé ou les pensées de ses personnages.
L’histoire est pleine d’ellipses, la ponctuation est inexistante, quant aux dialogues, ils ne sont jamais mentionnés par des tirets comme les conventions littéraires le voudraient.
Au diable les conventions ! Ici Philippe Djian nous dévoile la vie, la double vie, de ces deux êtres si peu conventionnels.
Tout est suggestion, non-dits, évocation ; on comprend que Joan a eu une enfance difficile et qu’elle se prostitue pour gagner de l’argent facilement.
Il n’y a aucun jugement moral, tous les personnages mentent par omission ou pour cacher des choses qu’ils jugent inavouables.
Tout bascule à un moment donné et puis finalement la vie reprend, et puis non… la dépression est là sous-jacente aux personnages, on croit qu’ils vont bien alors que tout va mal.
L’écriture de Philippe Djian est comme une partition, c’est une musique qui nous trotte dans la tête, et l’on ne peut s’en défaire ; il y a quelque chose d’hypnotique qui nous empêche de lâcher ce roman, si beau, si sombre, si crépusculaire. Les héros de ce roman sont bien loin de ces super héros que l’Amérique aime à offrir, ils sont des hommes et des femmes simples avec leurs contradictions, leurs rêves et leur désespoirs… Nos héros ont bien changé et la chute n’en sera que plus terrible…