Le dernier mousquetaire

Publié le 29/09/2023

Ce casque à cimier de « mousquetaire gris » daté de 1814, est estimé 4 000-6 000 €

Osenat

Nous avons beaucoup parlé de mousquetaires en évoquant les « trois », qui étaient « quatre », et dont les histoires occupèrent de nombreux volumes signés par un certain Alexandre Dumas. Sait-on que ces mousquetaires-là, du moins leurs prédécesseurs, étaient des « carabins » ? Non pas parce qu’ils étaient de joyeux médecins, mais parce qu’ils étaient armés de carabines. D’ailleurs, ces médecins tirèrent leur surnom de ce que leur uniforme ressemblait à celui des carabiniers. Reprenons : la compagnie des chevau-légers de la Garde avait été créée Henri IV pour assurer sa protection. Ils étaient dotés de carabines ; on les surnomma les carabins. On sait que malheureusement, leur action ne fut pas suffisante contre Ravaillac. Puis en 1622, Louis XIII décida de détacher les carabins de la compagnie des chevau-légers pour créer une nouvelle compagnie ; il les dota de mousquets : cette compagnie prit alors le nom de « mousquetaires ».

Si nous n’avons pas retrouvé le mousquet de d’Artagnan, le collectionneur Jean-Louis Noisiez – dont la collection sera dispersée à Fontainebleau, le 19 novembre 2023 par la maison Osenat, assistée par Jean-Claude Dey et Amaury de Gouvion Saint-Cyr – possédait un « fusil à silex de mousquetaires de la Garde du roi » (1814-1815). Celui-là estimé 4 000-6 000 €, se remarque grâce à un canon rond, à pans au tonnerre, couleur bleue patinée, gravé à l’or « Mousquetaires de la Garde du Roi » et à la croix fleurdelisée des Mousquetaires sur fond d’or. On distingue mieux la fameuse croix sur un « Plateau de ceinturon de la 1re Compagnie des Mousquetaires du Roi », estimé 2 000-3 000 €. Ce plateau-ci, daté d’environ 1770, est en laiton avec un reste de dorure portant au centre, en laiton fondu ciselé, la croix de la 1re Compagnie enrichie de fleurs de lys et, sur le pourtour, une baguette feuillagée ornée de quatre fleurs de lys aux angles.

Jean-Louis Noisiez possédait aussi un « Casque à cimier de mousquetaire du roi de la 1re compagnie » dit « Mousquetaires gris », modèle 1814, dont on attend 4 000-6 000 €. La bombe et la visière sont en cuivre argenté ; les flancs du cimier sont décorés de foudres enflammées, et d’une grenade explosant, timbrée de la devise du corps « Quo ruit et lethum » (« Où elle tombe [allusion à la grenade représentée], la mort aussi »), surmontée de trois fleurs de lys, et rehaussée à la base d’une frise de raies de cœur en laiton doré. La plaque ronde est ornée de la croix des mousquetaires. Il est certain que si d’Artagnan n’était pas allé charger à Maastricht, avant de tomber frappé d’un petit boulet, il aurait eu fière allure coiffé de ce casque. Connaissant sa courtoisie par-delà le temps, il a laissé à un jeune écrivain, qui a connu Alexandre Dumas, la possibilité d’endosser l’uniforme de ceux que l’on appela les « Mousquetaires rouges », la garde de Louis XVIII.

Les mousquetaires n’existent plus en tant que corps d’armée. Ils furent une première fois dissous en 1646 par Mazarin, avant d’être recréés par Louis XIV puis à nouveau dissous par Louis XVI en 1775 et Louis XVIII en 1816. Mais ils continuent de nous faire rêver.

Osenat, Hôtel d’albe, 9-11 rue royale, 77300 Fontainebleau

Plan