Le destin des vases

Publié le 30/01/2023

Ces éléments d’un vase impérial Qing en porcelaine de la famille rose ont été adjugés 127 400 €

Daguerre

Les vases ont souvent un destin tragique ! Un malencontreux coup de coude suffit à les faire chuter du meuble sur lequel ils avaient été déposés… Un ballon lancé par un enfant qui ne devrait pas jouer dans une pièce peut également sceller leur destin. Il nous a été donné d’entendre qu’un courant d’air avait balayé l’objet depuis une console. Le temps était pourtant calme. Que faire devant les morceaux épars sur un sol ? Les ramasser et tenter de recoller les morceaux ? Sinon, dépité, récolter ce qu’il en reste et jeter le tout dans une poubelle. Surtout pas. Le vase brisé conserve peut-être une certaine valeur…

Des éléments d’une paire de vases impériaux de la dynastie Qing et d’époque Jiaqing (1796-1820), en porcelaine famille rose, ont été adjugés 127 400 €, à Drouot, le 9 décembre 2022 par la maison Daguerre. L’acquéreur tentera peut-être de recomposer le puzzle qui lui a été échu et de lui redonner l’apparence de splendeur de son jumeau. Ce vase intact (h : 74 cm), qui ornait le grand salon de la demeure d’Alexandre Edmond de Talleyrand-Périgord 3e duc de Dino (1815-1894), a en effet été vendu 2 015 000 €, le 18 septembre 2022 au château de Francquetot, par la même maison Daguerre. Comme son pendant éclaté, il présente sur le dessous, émaillé turquoise, la marque à six idéogrammes Jiaqing en uanshu en rouge de fer.

De couleur jaune et de forme balustre, la panse décorée d’une scène panoramique représentant une procession d’étrangers (notamment des Hollandais), portant des trésors et présents tels le corail rouge. Apparaissent des pagodes, des coupes, le vase à sceptre ruyi, des fruits, etc. Les personnages chevauchent des animaux accompagnés d’un éléphant blanc et poussent des charrettes ou naviguent sur un bateau, des officiers chinois les guidant vers la porte d’un palais, dans un paysage lacustre, entouré de collines ondulantes, de forêts luxuriantes et d’arbres en fleurs. Le col à fond jaune légèrement évasé, est, de chaque côté, décoré d’une paire de poissons et d’une pierre sonore suspendues à une hallebarde, entre une chauve-souris et une grande fleur de lotus, au-dessus d’une frise de dragons gui, et au milieu de fleurs et rinceaux feuillagés, deux dragons gui archaïsants turquoise sont flanqués de part et d’autre du col formant les anses, les bordures ornées de frises de ruyi.

Le 3e duc de Dino était le petit-neveu du fameux Talleyrand, et le fils de Dorothea von Biron (1793-1862), princesse de Courlande, dame du palais de l’impératrice Marie-Louise qui eut, comme l’on disait des salons, des bontés pour son oncle par alliance. Edmond-Alexandre suivit une carrière militaire, peut-être moins brillante que celle de son père Edmond (1787-1872), mais capitaine d’état-major du roi de Sardaigne Charles-Albert pendant la guerre contre l’Autriche, il a laissé des Souvenirs de la Guerre de Lombardie pendant les années 1848 et 1849, publiés en 1851.

Daguerre, 5 bis rue du Cirque, 75008 Paris

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