Le Diable au tribunal

Publié le 02/11/2022

Cet ouvrage, devenu un texte de référence sur la sorcellerie et la démonologie, dans son édition de 1545, a été adjugé 2 000 €

Millon/Cabinet Poulain

Le Diable n’est jamais passé au tribunal, ce sont ses sbires réels ou supposés qui subirent les fourches caudines de la justice. C’est à la faveur d’instructions d’individus, essentiellement des femmes soupçonnées de sorcellerie, que des juristes élaborèrent des manuels de jurisprudence spécialisée. Un certain Paulus Grillandus, juge papal originaire des Abruzzes, fort de son expérience judiciaire en la matière, rédigea un traité titré : Tractatus De Hereticis Et Sortilegiis, publié pour la première fois en 1536. Cet ouvrage est devenu un texte de référence sur la sorcellerie et la démonologie. Un exemplaire de l’édition de 1545 (petit in-8), relié postérieurement en vélin ivoire à petits rabats, a été adjugé 2 000 € à Drouot-Richelieu, le 4 octobre 2022 par la maison Millon, assistée par Elvire Poulain lors de la dispersion de la bibliothèque ésotérique de Raphaël Pachiaudi. Il existe une édition de 1547 qui a échappé aux bibliographes et aux spécialistes qui ne mentionnent que celles de 1536, 1545 et 1592. D’autres ouvrages connexes de Grillandus De Questionibus Et Tortura Tractatus, De Relaxatione Carceratorum et le De Lamiis de Gianfrancesco Ponzinibio furent ensuite imprimés le Tractatus De Hereticis Et Sortilegiis.

Il est vraisemblable que cet ouvrage a ouvert la porte à d’autres traités comme celui de Jean Bodin (1529-1596), De la Demonomanie des Sorciers (À Paris, Chez Jacques du Puys, Libraire Juré, 1580, Iin-8° carré), dont un exemplaire de l’édition originale relié en vélin souple a été vendu 3 700 €, à Drouot-Richelieu, le 16 octobre 2014 par Art Richelieu. Cet ouvrage a été « défendu dans l’index mis à la fin du Concil (sic) de Trente ». C’est la raison pour laquelle l’auteur revit son texte et en donna une nouvelle version : Raphaël Pachiaudi en possédait un exemplaire relié au début du XIXe siècle, en basane mouchetée, orné d’un triple filet doré sur les plats, qui a été vendu 1 100 € le 4 octobre 2022. Selon Albert Louis Caillet, auteur du Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes, il s’agit de l’une des plus rares des éditions de Bodin et est complété par la « Réfutation des opinions de Jean Wier ». Comme Paulus Grillandus, Jean Bodin composa son ouvrage après avoir instruit un procès contre Jeanne Harvilliers, accusée de sorcellerie. Sa Démonomanie des sorciers est aussi une sorte de guide à l’intention des tribunaux dans lequel il réclame des peines sévères contre toute personne accusée de sorcellerie.

Plus récemment, Me Maurice Garçon (1889-1967) publia avec le psychiatre Jean Vinchon (1884-1964), Le Diable. Étude historique, critique et médicale (NRF, Gallimard, 1926, in-12), une étude contenant notamment des passages sur les procès de sorcellerie, les délires, névroses et folies démoniaques, etc. Pas de jurisprudence, mais des constats.

Millon, 19 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris

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