Le doublon des vainqueurs de la Bastille

Publié le 12/04/2024

Cette « Couronne murale des citoyens bourgeois, vainqueurs de la Bastille » en bronze doré a été adjugée 6 400 €

Chayette & Cheval

La réplique du Cid, dans la pièce de Corneille : « Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort/ Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port » fait partie de notre inconscient culturel. Les émeutiers qui se sont emparés de la Bastille, le 14 juillet 1789, ont mis, sans doute, sans y songer, en pratique, cette multiplication. Les chroniques du temps rapportent que des dizaines de milliers de Parisiens se précipitèrent, après avoir pillé les Invalides, vers la Bastille pour y chercher de la poudre. Au bout du compte, ils ne furent plus qu’un millier. Ces agitateurs, surpris par le retentissement de leur action, en tirèrent une gloire que même les véritables héros n’auraient jamais osé revendiquer. Le Comité militaire de l’Assemblée communale de Paris demanda le 5 août 1789, qu’il soit attribué une médaille d’or communale en faveur des gardes-françaises et des militaires ayant participé à cet événement historique. Celle-ci, en forme de losange, était appendue à un ruban composé de deux bandes verticales, une bleue et une rouge, et de chaque côté un liseré blanc. Mais le port de cette décoration sera interdit par le décret du 18 novembre 1793, qui demanda aux citoyens titulaires de déposer sous huitaine, à leur municipalité, leur insigne et leur brevet. Un modèle de la nouvelle frappe limitée, exécutée en 1832, attribué au capitaine de Fleury, a été vendu 120 € à Drouot le 8 mars 2024 par la maison Chayette & Cheval assistée par A. Weil.

Tous les « vainqueurs » de la Bastille n’étaient pas Garde-française. La Commune de Paris en fit dresser une liste qui dénombra 849 noms. « Comme dans bien des cas similaires, il y eut quelques abus et des noms furent rajoutés au dernier moment… », commente le site france-phaléristique.com, et l’on parvint au chiffre de 954. Et, le 19 juin 1790, l’Assemblée nationale accorda à ces « vainqueurs » une couronne murale brodée qui devait être appliquée au bras gauche ou sur le revers gauche de leur habit, sans oublier le brevet justifiant leur titre de vainqueur de la Bastille. Rapidement, les titulaires qui considéraient qu’elle était une décoration, firent réaliser une médaille portable en bronze. Ils ne la portèrent pas longtemps, elle fut interdite par l’article 9 du décret du 20 août 1793 de la Convention nationale, qui ordonna que la médaille en losange du 10 août soit distribuée à chacun d’eux en reconnaissance de leur dévouement à la liberté.

L’une de ces « Couronnes murales des citoyens bourgeois, vainqueurs de la Bastille », insigne uniface en bronze doré à bélière avec son ruban à bouffette composé de deux bandes verticales, une bleue et une rouge, et de chaque côté un liseré blanc, a été adjugée 6 400 €, à Drouot, le 8 mars 2024 par la maison Chayette & Cheval, assisté par A. Weil. Cette décoration avait été attribuée à François Jsp Ployer, dont le nom figure gravé au revers.

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