Le garçon au voilier

Publié le 17/04/2024

Ce dessin préparatoire au décor « Le bassin du jardin du Luxembourg » par Henri Martin, était présenté au Salon du dessin

Galerie Alexis Pentcheff

Le Salon du dessin a fermé ses portes. Il a accueilli 15 000 visiteurs, affichant une fréquentation en hausse de 25 % par rapport à l’édition 2023. Une fois encore, les conservateurs des musées du monde entier se sont déplacés, panier sous le bras, afin de faire leur marché. Les collectionneurs n’en étaient pas moins intéressés. L’un d’eux a acquis dès les premières heures, auprès de la galerie Maurizio Nobile, un autoportrait au fusain de Lina Rossi, une artiste italienne confidentielle, mais au talent impressionnant. Pour le regretté critique Gérald Schurr, l’autoportrait était précieux : « [il est un] double jeu de miroir parfaitement révélateur, il dit l’essentiel dans une sorte d’autopsie cruelle ; loin du narcissisme ou de la mégalomanie, il s’agit bien au contraire d’une quête angoissée de soi, de son identité profonde – parfois jusqu’au tragique ». Outre celui de Lina Rossi, nous en avons décelé plusieurs au Palais Brongniart : celui de l’artiste autrichien Karl Sterrer, daté 1908, vendu par la galerie londonienne Härb Nuti, et celui au fusain d’André Masson de 1941. Considéré comme puissant, il a été acheté par un musée américain.

Il ne s’agissait pas d’autoportraits, mais de portraits indirects que la galerie marseillaise Alexis Pentcheff proposait. Il s’agissait de vingt dessins préparatoires au grand décor de l’escalier d’honneur de la mairie du 5e arrondissement de Paris par Henri Martin (1860-1943). L’artiste avait pris pour modèles ses enfants et des adultes de son entourage. Proposés entre 12 000 et 15 000€, il en a été vendu douze. L’un d’eux a particulièrement retenu notre attention. Il figure un jeune garçon vêtu d’un pull rayé de blanc et rouge assis sur ce qui pourrait être un banc, maintenant sur ses genoux un petit voilier à la coque rouge et blanche. Ce dessin au crayon et rehaussé de blanc s’apparente au crayon représentant sans doute le même enfant, marchant portant son voilier.

Henri Martin a reçu dès 1892 une commande officielle afin d’orner les ensembles décoratifs qui ornent les bâtiments publics et privés en France. Comme L’Hommage au travail (1914), dans la cage de l’escalier d’honneur de la mairie du 6e arrondissement de Paris, ou encore, La Famille, dans la salle des mariages de la mairie du 10e arrondissement. Il réalisa aussi, entre 1932 et 1935, dans la partie en hémicycle de la cage d’escalier, cinq grandes toiles tendues représentant le jardin du Luxembourg et plus particulièrement le tour du bassin. D’où les enfants et leur voilier. Ces petits bateaux apparurent sur cette étendue d’eau octogonale dès 1830, pour s’institutionnaliser à la fin du XIXe siècle, grâce à une petite cabane où les enfants pouvaient louer des bateaux. Aujourd’hui, 31 bateaux spécialement construits voguent sur cette eau très calme qui conserve les sillages passés.

Que sont devenus les voiliers de bassin d’autrefois. L’un d’eux, à une voile, en bois résineux, métal, toile et cordage, la coque partiellement peinte, a été adjugé 380 € par Drouot-Estimations, le 15 mars 2024.

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