Le goût classique français

Publié le 13/09/2024

Cette paire de fauteuils bergère est estimée 800/1 200 €

Beaussant Lefèvre

La rentrée à Drouot et dans les salles des ventes en général est toujours remplie de promesses. On ne s’en lasse jamais. L’excitation est au rendez-vous dans les catalogues et les sites spécialisés. « Les signaux sont au vert, au regard des résultats estivaux observés en régions », constate Olivier Lange, le directeur du magazine spécialisé, La Gazette de l’hôtel Drouot. « Sur le podium des adjudications à six chiffres, la peinture moderne est reine avec Lanskoy, Tobeen, Moret, Friesz ou Chagall. Et la saison qui vient s’annonce sous les meilleurs auspices, poursuit-il.

Déjà la vente du contenu classique du château de Nernier, en Savoie par la maison Beaussant Lefèvre, à Drouot, le 23 septembre, permettra aux amateurs de visiter une demeure chargée d’histoire et de contempler le véritable goût classique français. Les pièces d’orfèvrerie, les services de porcelaine, le linge de maison portent les armes et la devise « Re Que Diou » (« Rien que Dieu »), de la maison Talleyrand-Périgord, dont le plus illustre des membres, Charles-Maurice, est uni par un lien familial à l’actuel propriétaire. La plupart des ouvrages de la bibliothèque sont reliés aux armes des comtes de Brotty dit d’Antioche, ancienne famille savoyarde qui fut propriétaire du domaine. Plusieurs pièces du mobilier sont d’une rare qualité tandis que les lots sortant du grenier rassemblent des trouvailles dignes des bonnes maisons. Tout ceci se déroulera sous le regard acéré de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord dont le buste en plâtre patiné, d’après Bosio, portant la Toison d’or, est estimé 800/1 200 €.

Le même jour, le 23 septembre, la maison Millon dispersera la première partie de la collection Bismuth-Etcheverry. Le couple avait réuni un millier d’œuvres modernes et contemporaines, dont le plus grand nombre est demeuré caché durant plusieurs décennies. Le Dr André Bismuth, devenu veuf, s’est éteint à l’âge de 100 ans, et avait continué à acquérir des tableaux. Il avait certainement contaminé son fils devenu expert et marchand de tableaux, qui qualifiait ses parents de « fous de peinture ». Au catalogue, outre une toile de Lanskoy, La chanson populaire, datée de 1952 et estimée 20 000/30 000 €, on remarque un Portrait de la duchesse de Gramont (65 x 54 cm), peint en 1918, par Jean-Gabriel Domergue (1899-1962), estimé 12 000/15 000 €. La duchesse née princesse Maria Ruspoli (1888-1976) est représentée assise, coiffée d’un large chapeau à dentelle, tenant dans sa main droite un long fume-cigarette, la main gauche appuyée sur la hanche. Son très large décolleté laisse libre sa poitrine. Elle était la troisième épouse d’Agénor, 11e duc de Gramont (1851-1925), diplomate et homme politique de trente-sept ans son aîné. Après son décès, elle épousa en 1935, en secondes noces, François-Victor Hugo. Ce portrait sous le titre d’Élégante vénitienne à la cigarette, la princesse Ruspoli, a été adjugé 88 900 €, en Allemagne, en décembre 2023.

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