Le lampas chante la soie

Publié le 19/04/2022

Ce lampas, daté de l’époque Mudejar au XVe siècle à Grenade en Espagne, lors de la période Nasride (1230-1492), a été adjgé 250 000 €.

Osenat

« Le lampas fut et demeure un véritable cri d’amour pour la soie », explique Catherine Goldmann, historienne du tissu. Les pièces de cette étoffe assemblant des fils de soie, d’or et d’argent, sont toujours considérées comme très précieuses. L’une d’elles, sur fond satin rouge, au décor noir, jaune et crème, en forme d’écu surmonté d’un œillet, doublure de toile, a été adjugée 250 000 €, à Fontainebleau, le 25 mars dernier par la maison Osenat. L’expert Aymeric de Villelume a prudemment daté ce lampas de l’époque Mudejar au XVe siècle à Grenade, en Espagne, lors de la période Nasride (1230-1492), annonçant qu’il pouvait aussi être une fidèle réplique du XIXe siècle. « En l’absence de lisières, l’attribution et la datation ont été effectuées en fonction des comparaisons avec les catalogues de musées, notamment celui du musée des tissus de Lyon », a précisé Aymeric de Villelume.

Les amateurs n’ont pas hésité, puisqu’ils ont poussé les enchères jusqu’à cette haute adjudication de 250 000 €. Il est vrai que ce lampas, qui était resté dans sa descendance, a appartenu à Jean-Joseph Marquet de Vasselot (1871-1946), qui fut conservateur au musée du Louvre en 1902 puis directeur de celui de Cluny en 1926. Cet archéologue et historien a baigné toute sa vie dans le monde de l’art. Il était le neveu du sculpteur et historien de l’art, Anatole Marquet de Vasselot (1840-1904).

On connaît un exemplaire en tous points semblables, revêtant la même coupe pour une dalmatique et les mêmes dimensions (82 x 54 cm), conservé au musée des tissus de Lyon. « Il s’agit probablement, selon l’expert, de l’autre face de la dalmatique dont est issu notre panneau ». Il est reproduit dans le Guide du Musée des Tissus de Lyon. Ce morceau, et les deux autres provenant de la même pièce, appartenaient à la collection Boislève, vendue en 1884. Le musée national du Moyen Âge et la Abegg-Stiftung en possèdent également. « Peut-être, comme beaucoup de textiles orientaux particulièrement appréciés pour leur raffinement, celui-ci a-t-il constitué le dos d’une chasuble ? C’est ce que laisserait supposer sa coupe particulière ».

Rappelons encore que l’époque Mudejar est née d’une dynastie arabe fondée par Muhammad ibn Yûsuf ibn Nasr ibn al-Ahmar, en 1238 jusqu’en 1492. Cette période vit l’embellissement des palais princiers et les motifs végétaux, calligraphiques ou géométriques des stucs de l’Alhambra furent transposées sur des tentures de soie façonnées, aux couleurs éclatantes.

• Maison Osenat, 13 avenue de Saint-Cloud, 78000 Versailles.

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