Le mousquet était bien lourd

Publié le 21/10/2024
Le mousquet était bien lourd
SVV Prunier/AdobeStock

Les mousquetaires d’Alexandre Dumas ne tiraient pas au mousquet. Leur épée, au service du roi, leur suffisait. Il est vrai que ces militaires, chargés de la protection rapprochée du souverain, auraient été bien encombrés par ces lourdes armes que l’on vit apparaître pour la première fois du côté des Espagnols à Pavie, en 1521. Elles étaient plus puissantes que les carabines dont étaient pourvus les membres de la garde personnelle d’Henri IV. Les compagnies dites de mousquetaires, créées par Louis XIII en 1622, à partir de la garde de son père, devaient également participer aux campagnes de guerre et notamment aux sièges.

Il existait des mousquets courts qui permettaient toutefois de tirer à cheval. À pied, les fantassins posaient leur arme dont le canon était long d’1,20 m sur une sorte de fourche, la fourquine. Cette arme ne disposait évidemment pas d’un barillet à répétition. Mais, le mousquetaire, puisqu’on l’appela ainsi, était muni de charges de poudre nécessaires pour amorcer et charger l’arme. Ces charges étaient contenues dans l’étui qu’ils portaient, suspendu à une bandoulière. Chaque étui était surnommé « apôtre », car il y en avait douze. Un lot de « 7 charges de bandoulière de Mousquetaire, en bois tourné, avec couvercles s’emboîtant, montées sur ficelle, d’époque début XVIIsiècle (taille moyenne des charges : 12,3 x 3,6 cm) », sera mis en vente à Louviers, le 27 octobre 2024 par la maison Prunier, assistée par l’expert Gaëtan Brunel, avec une estimation de 200/300 €, lors de la dispersion d’armes anciennes de la collection Tapie. Il sera joint un carreau en faïence des Flandres, décoré en bleu d’un mousquetaire en pied, équipé de pied en cap, avec sa bandoulière (12,5 x 12,5 cm), encadré de bois.

Le mousquet enflammait la poudre grâce à une mèche. Après avoir versé la poudre, puis la balle, et tassé le tout au moyen d’une baguette, le soldat soufflait sur la mèche incandescente, puis ajustait son tir. Les encyclopédies militaires précisent qu’un soldat entraîné devait tirer trois salves par minute. La plupart des mousquets étaient mortels jusqu’à environ 175 mètres, mais n’étaient « précis » qu’à environ 100 mètres, les tactiques imposant de tirer des salves entre 25 et 50 mètres.

Dans ses Lettres, Paul Pellisson (1624-1693) rapporte que « M. le duc de Villeroy eut avant-hier deux boutons de son justaucorps emportés d’un coup de mousquet à la tranchée. » Cela n’a rien à voir avec notre récit, mais il est curieux de rappeler que Pellisson était le secrétaire de Fouché qui sera arrêté par d’Artagnan, le plus célèbre des mousquetaires. Dans les Trois mousquetaires, Alexandre Dumas met en scène son d’Artagnan au cours du siège de La Rochelle, « se promenant solitairement sur un joli petit chemin qui conduisait du camp à un village voisin », jusqu’au moment où : « Il lui sembla voir briller derrière une haie le canon d’un mousquet. » Le futur mousquetaire s’en tira avec un trou dans son chapeau. L’armée française abandonna le mousquet en 1700 avec l’apparition du fusil à silex à âme lisse.

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